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Réf. : Re: Réf. : Re: Le genocide rwandais, ce quifut!

To: <eugene.shema@wanadoo.fr>, <jim@jipo.com>
Subject: Réf. : Re: Réf. : Re: Le genocide rwandais, ce quifut!
From: "SHEMA" <eugene.shema@wanadoo.fr>
Date: Wed, 10 Mar 2004 23:27:07 +0100 (Paris, Madrid)
Cc: <afrique@listes.univ-lyon1.fr>
Delivered-to: afrique@dns2.univ-lyon1.fr
References: <1078957182.18113.99.camel@Senecio>
Monsieur Liotier
Je constate que vous n'avez pas suivi les événements du Rwanda depuis la sortie de l'ouvrage de Prunier qui contient plus de contre-vérités que le SAS de Gérard de Villiers publié en 2000 et dont le titre "Enquête sur un génocide". il est passionnant à lire, cherchez-le. Et je vous conseille de lire ensuite l'ouvrage du général Dallaire qui était à la tête des forces de l'ONU (MINUAR), l'ouvrage porte le titre suivant "J'ai serré la main du diable" qui vient de paraître. Vous comprendrez tous les stratagèmes mis en place par la force onusienne pour permettre à Paul Kagame de préparer et d'exécuter l'attentat contre deux présidents, celui du Burundi et celui du Rwanda. Bien entendu l'ouvrage de Dallaire n'est pas tendre avec les Forces armées rwandaises, mais vous comprendrez que ses silences sont aussi, sinon plus, parlant que ce qu'il a couché sur le papier. Paul Kagame savait très bien ce qu'il disait au Général Dallaire (J'ai serré la main du Diable, p. 279) dans cette phrase: "Il (Paul Kagame) a ajouté que nous étions à la veille d'un cataclysme et qu'une fois enclenché, aucun moyen ne permettrait de le contrôler". Voyez-vous Monsieur Liotier, vous êtes le seul à croire que l'attentat contre Habyarimana n'a pas occasionné le génocide. Même Kagame y croyait dans sa planification de l'attentat.
Moi-même je me trouvais à Kigali dans la capitale rwandaise au mois de janvier 1994, mais je savais que ça devait péter (prêtez-moi l'_expression_) si le Président devait être tué. Et la rumeur comporte à chaque fois quelque chose de vrai, tout le monde voyait que le FPR était en train de préparer un attentat d'envergure. Et les sources que je suis parvenu à rassembler font remonter la préparation de l'attentat en début 1991 (je suis en train de boucler une biographie du président Habyarimana qui devrait sortir dans deux semaines). Je ne sais pas pourquoi l'on s'interdit de réfléchir dans cette histoire, pourquoi l'on s'interdit de remonter la chaîne des causalités, car cela permet de distribuer les responsabilités dans cette tragédie. Le général Dallaire doit avoir été parmi les hommes qui ont couvert l'attentat puisque la boîte noire est arrivée à l'ONU 3 mois après le 6 avril (c'est-à-dire après avoir été remplacé à la tête de la MINUAR). depuis tout le monde s'était demandé où était passé la boîte noire, même Paul Barril, le supergendarme de l'Elysée s'y était trompé. Maintenant l'on sait grâce à l'enquête du juge Bruguière que la boîte noire se trouve à l'ONU. C'est-à-dire donc que Kofi Annan lui-même était dans le coup. Pourquoi n'a-t-il pas lâché cette boîte noire alors que tout le monde disait que c'étaient les extrémistes hutu qui avaient tué le Président, y compris Gérard Prunier. Qu'est-ce que Kofi Annan fait dans cette histoire??? Un "gouvernement étranger" est également dans le coup, il est fort à parier que c'est les Etats-Unis qui forment les terroristes et les utilisent, avant de les jeter comme du papier "kleenex".
Nous n'étions pas dans une période de paix et les esprits s'étaient échauffés en début 1994, de sorte que j'ai dû prendre dare-dare l'avion du retour en France. J'ai de mes propres yeux vus le désespoir d'une population, dont plus d'un million s'entassaient aux portes de Kigali pour avoir été refoulés par le FPR alors que un nombre à peu près égal avait été massacré. Les milices recrutaient dans cette jeunesse désoeuvrée et inquiète de ce qui pouvait arriver si le FPR devait prendre le pouvoir. Tout s'est alors enchaîné dans une logique infernale avec l'attentat contre le président Habyarimana.
 
Eugène Shimamungu
 
-------Message original-------
 
Date : 10/03/2004 22:19:16
A : SHEMA
Sujet : Re: Réf. : Re: Le genocide rwandais, ce quifut!
 
On Wed, 2004-03-10 at 20:18, SHEMA wrote:
> Pourquoi voulez-vous croire alors que vous avez la vérité devant les
> yeux. C'est un terroriste, Paul Kagame, qui assassiné le président
> Habyarimana livrant ainsi les tutsi de l'intérieur aux milices.
> Lorsqu'on lui avait dit que les Tutsi risquaient de payer le prix
> fort, il a répondu que même à Auschwitz il y avait eu des survivants!
> Aujourd'hui Paul Kagame a revêtu les habits de président et  la
> justice ne peut plus rien aujourd'hui contre lui. Il s'est fait
> reconduire à l'issue des élections caractérisées par une fraude
> généralisée obtenant un score à la soviétique (95%), ceci sous des
> menaces de mort, des assassinats, des enlèvements de personnalités
> susceptibles de se présenter aux élections. il avait averti juste dans
> un discours prononcé en public avant les élections qu'il allait
> saigner (gukomeretsa) et écraser (gusya) quiconque oserait lui porter
> concurrence. Quelle leçon peut-on encore donner à un terroriste de cet
> acabit.
>
 
Ne nous méprenons pas : je n'ai nulle part dit que je tenais Paul Kagame
pour un parangon de démocratie, et sa dérive autocratique est évidente
aux yeux de tous. Que dans son ambition il ait sciemment accepté le
sacrifice d'un grand nombre de ses compatriotes, je veux bien le croire
mais j'apprécierais que vous citiez vos sources pour m'édifier tout à
fait. Que l'assassinat de Juvenal Habyarimana soit le résultat d'une
opération menée par des agents du FPR c'est une possibilité, mais
d'autres hypothèses existent et sont également appuyées par des
témoignages et des preuves tout aussi forts. Je vous encourage à ce
sujet à lire "The enigma of President Habyarimana's death" pages 213 à
229 du livre de Gérard Prunier "The Rwanda crisis - History of a
genocide". Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis la parution de
cet ouvrage, mais aujourd'hui encore les témoignages contradictoires et
l'absence de preuves matérielles continuent à laisser toute crédibilité
à des scénarios variés et souvent non moins machiavéliques dont un
certain nombre ont l'immense avantage de ne pas bénéficier de l'appui
des mensonges de Paul Barril qui n'en est pas à sa première opération
hautement douteuse.
 
Quoi qu'il en soit, il est fallacieux de prétendre que c'est
l'assassinat de Juvenal Habyarimana qui a causé le massacre. Qu'il en
ait été le signal déclencheur ne semble faire aucun doute, mais il est
aujourd'hui établi que le génocide a été planifié de longue date et ce
n'est pas Paul Kagamé qui l'a causé. Comment soutenir le contraire face
à l'accumulation de preuves exposant la logistique soigneuse mise en
place au préalable par des organisations extrémistes Hutus ? Que Paul
Kagamé soit ou non à l'origine de l'attentat contre Juvénal Habyarimana
ne change rien à aux preuves de la préparation du génocide pour une date
coincidant avec l'attentat : par exemple, n'est-ce pas RTLM qui le 3
Avril annonce qu'il va se passer quelque chose le 7 et le 8 (cf. Prunier
page 223) ?
 
Que le FPR puisse avoir préparé et exécuté l'assassinat de Juvenal
Habyarimana c'est possible, et j'espère que la vérité sera un jour
connue avec force preuves et que justice sera rendue. Mais ne laissons
pas cet épisode cacher l'essentiel : un génocide a bien été commis et
insinuer que la responsabilité en reviens à Paul Kagamé relève d'un
révisionnisme nauséabond.
 
 
 
 
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