La boîte de pandore est ouverte : ou comment Koulibaly veut solder
la
présence française en Afrique noire ?
Après la Côte-d’Ivoire… le Gabon ?
Lundi 6 décembre 2004, 11h47
Koulibaly veut rediscuter la coopération d'Abidjan avec Paris
BORDEAUX (Reuters) - Le président de l'Assemblée nationale
ivoirienne,
Mamadou Koulibaly, estime que les accords de coopération entre
son pays et
Paris sont "caducs" et précise que la Côte d'Ivoire va se tourner
vers la
Cour internationale de justice.
« L'essentiel, ce sont les accords de coopération. Ils datent de 1961 et
ils
sont aujourd'hui caducs. Nous nous rendons bien compte qu'ils
méritent
d'être rediscutés », déclare-t-il dans une interview au quotidien
Sud-Ouest
de lundi.
« Pourquoi la France voudrait-elle, par exemple, que toutes les
ressources
naturelles, tous les marchés publics, tous les projets de
développement lui
soient attribués en priorité, avant tous les autres pays du
monde ? Qu'elle
nous donne une seule raison. Pour le moment, on n'en a pas.
»
« Pour les accords monétaires, c'est la même chose, nous sommes allés
de
trahison en trahison », poursuit le numéro deux ivoirien. « Nous allons
donc
dénoncer tous ces accords devant la Cour internationale de justice.
Celle-ci
doit pouvoir dire si oui ou non la France a respecté sa part de
traité. Si
ce n'est pas le cas, nous allons demander réparation. »
Pour Mamadou Koulibaly, « il ne s'agit pas d'un combat de la Côte
d'Ivoire
contre la France mais de l'avenir de la coopération entre la France
et
l'Afrique francophone. Demander à la France la fin du contrat colonial et
la
liberté pour chacun d'organiser sa vie comme il l'entend ne fera pas de
nous
des 'moins francophones' que d'autres ».
S'il pense que l'armée française « devrait immédiatement plier bagage
et
rentrer en France », il estime également que « si les Gabonais
pensent
qu'ils sont exempts de tout risque, c'est une erreur. Le jour où
ils
voudront regarder de près comment leur pétrole est géré, ils trouveront
sur
leur chemin l'Etat français ».
Pour lui, « les mêmes chars que nous avons à Abidjan seront à Libreville,
au
nom de la "défense des intérêts français". Il en est de même pour
les
Sénégalais. Ce qui arrive à la Côte d'Ivoire n'est pas un cas isolé
»,
conclut-t-il.