source : journal 24 Heures.
Abandonnés par le pouvoir les miliciens de Djué menacent.
Les jeunes « patriotes », notamment les miliciens dirigés par Eugène
Kouadio Djué, sont très en colère. Ils en veulent à l'entourage de leur
parrain, le président Gbagbo, de leur avoir tout retiré, même le pain
quotidien. Aussi, ont-ils décidé d'organiser plusieurs manifestations de
protestation dont une marche suivie d'un sit-in à la résidence du chef
de l'Etat.
Dans leur état-major de Yopougon « Toits rouges », les « jeunes
patriotes » du « Maréchal » Eugène Djué ne cachent pas leur intention de
marcher sur la résidence du chef de l'Etat, Laurent Gbagbo.
Ils projettent aussi d'opérer des enlèvements de personnalités qui, dans
l'entourage du président Gbagbo, les empêcheraient d'avoir accès à la
manne présidentielle.
Leur chef hiérarchique, Eugène Djué que nous avons rencontré hier à son
domicile, à Yopougon, n'a pas infirmé le malaise.
Seulement s'est-il borné d'expliquer que le mouvement est en proie à de
petites difficultés qu'il s'attèle à régler dans les heures qui
suivront.
« C'est vrai que les jeunes gens grognent depuis quelques jours.nJ'
essaie de les calmer afin de ne pas exposer nos problèmes au grand jour.
Car, effectivement, le mouvement connaît quelques difficultés que je
compte aplanir dans les heures à venir, après la rencontre que je vais
avoir avec le président de la République. », a-t-il affirmé.
Ces problèmes, selon « les jeunes gens » que nous avons rencontrés ; s'
articulent en trois temps : le sevrage, la discrimination, et la
frustration.
En effet, les hommes de Djué disent ne pas comprendre que la présidence
de la République, leur parrain, les ait abandonnés à leur propre compte.
De sorte qu'aujourd'hui, plusieurs d'entre eux se retrouvent dans les
rues, parce que vidés de leurs maisons pour non payement de loyer.
Ceux d'entre eux qui sont malades n'ont plus personne pour payer leurs
médicaments.
Et le comble, selon eux, c'est que leur chef, Eugène Djué lui-même, se
trouve dans le même cadre.
Il cumule cinq mois de loyers impayés, et sa famille, composée de
parents et de déplacés de guerre, n'arrivent plus à avoir la pitance
quotidienne.
Les hommes de Djué trouvent cela anormal et même méprisant.
Dans la mesure où selon leurs dires, le gros travail de soutien à Gbagbo
et aux institutions républicaines a été abattu par eux.
« Dieu seul sait les sacrifices que nous avons faits pour protéger le
temple. Nous nous sommes organisés partout sur le territoire national,
nous sommes 700.000 aujourd'hui sur l'étendue du territoire national et
plus de 15000 à Abidjan seulement, prêts à parer à toute éventualité.
Fort de tout ce que nous avons fait, notre leader Eugène Djué a
plusieurs fois été entendu par la commission d'enquête de l'ONU. Alors
pourquoi choisit-on de nous abandonner alors même que les jeunes
patriotes de l'alliance sont nourris et blanchis. », confie un des
formateurs des hommes de Djué, sous le couvert de l'anonymat.
En effet, selon les confidences de ces hommes, Eugène Djué serait le mal
loti de tous les leaders de jeunes patriotes.
Pour preuves, révèlent-ils, Eugène Djué se déplace dans sa propre
voiture, une vieille BMW qu'il a fait venir de France en 1998.
Il occupe une maison Sicogi de trois pièces à Yopougon et perçoit la
somme de 300. 000 F par mois pour ses besoins et pour s'occuper des
hommes qu'il entretient sur l'étendue du territoire national.
Alors qu'en face, les « jeunes patriotes » de l'Alliance (de Blé Goudé)
sont « gâtés » : « Blé, a lui seul, 4 voitures.
Ahoua Stalone en a deux, Dakouri un. Tout le groupe est logé et blanchi
à l'hôtel Ivoire, des primes sont versées à leurs différents gardes de
corps et chauffeurs etc.
A l'analyse de ce qui précède, les hommes de Djué estiment qu'il y a une
discrimination fragrante à leur égard.
Certains parlent même de racisme et de frustration.
D'autant plus que, selon eux, Djué serait victime de ses origines
baoulé, alors même qu'il est un pur produit du FPI doublé de fils
adoptif de Laurent Gbagbo lui-même.
Frank Konaté
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