Je viens de prendre connaissance de votre plainte
auprès du conseil de sécurité des Nations Unies contre la Côte
d'ivoire.
En ma qualité de journaliste citoyen américain, permettez que je vous
éclaire un peu sur certains faits que vous vous efforcez à ne pas
reconnaître, pour ne pas dire que vous faites preuve de mauvaise foi.
Dans votre rapport, nulle part vous ne faites cas du changement de
langage de votre confrère "le Monde" après la démission de son
correspondant en Côte d'ivoire. En effet, ce journaliste protestait
contre le fait que ces écrits étaient soient tronqués, soient
ignorés.
N'est ce pas là un " oubli " trop flagrant de votre part ?
Vous dites que " Le National " accuse sans apporter la moindre
preuve. Quelle preuve le quotidien français Libération a-t-il apporté
pour se permettre d'écrire, sans que vous soyez indignés, qu'il
s'agissait de " règlement de compte déguisé " ? Vous reprenez les
déclarations du conseiller du président ivoirien à ce sujet, sans
doute parce que vous les trouvez agressifs et injustes, sans toute
fois vous soucier des conséquences de cette allégation mensongère
sans la moindre preuve du quotidien Libération.
Vous trouvez que le gouvernement et une partie de la population en
Côte d'Ivoire accusent la presse étrangère de " rouler pour les
rebelles ", ou de parti pris. Un seul exemple : l'Afp a à deux
reprises publié une dépêche intitulée " la guerre en Côte d'ivoire
sur le Net " : Dans cette dépêche, on parle du site que les rebelles
ont créé en donnant son adresse. A aucun moment l'Afp n'a jugé utile
de donner aussi le nom du site que le gouvernement ivoirien a créé,
ou même d'en parler. Il a fallu attendre jusqu'à la semaine dernière
pour que Rfi qui d'ailleurs était le seul-parle des nombreuses
contributions que les ivoiriens ont fait pour soutenir l'effort de
guerre. Vos journalistes interrogent les habitants de Daloa sur les
exactions qu'auraient commises les forces loyales au gouvernement
dans cette région. Bien que Amnesty International ait fait cas des
exactions commises par les rebelles à Bouaké et Korhogo, aucun
journaliste étranger n'a ni trouvé, ni jugé nécessaire de contacter
et d'interroger les " rescapés " ou les exilés de ces régions pour en
savoir plus. Quel scandale journalistique de votre part ! Si tout
cela " n'est pas une preuve flagrante d'un traitement sélectif de
l'information, je crois que nous avons tous besoin de retourner à
l'école de journalisme.
Chez nous aux Etats-Unis, après les attaques du 11 septembre 2002, la
Maison Blanche a demandé aux médias de ne pas diffuser les messages
du réseau Al Qeda. Sans toute fois faire preuve de " patriotisme
exacerbé ", nous avions accepté pour ne pas faire la publicité et
contribuer à la propagande d'un groupe de terroristes. Et quand nous
décidions de les diffuser, nous nous réservions le droit de
sélectionner les séquences. Je ne me souviens vous avoir entendu vous
plaindre auprès du gouvernement américain ou ailleurs, sur " la
manière sélective " dont nous diffusions ces informations, ni sur les
censures évidentes et flagrantes du réseau Al Qeda. Combien de fois
aviez-vous entendu ou vu sur les chaînes américaines, un journaliste
ou un reporter faire les éloges, ou commenter les prouesses des
combattants Talibans et Al Qeda ? Combien de fois depuis le début de
la guerre en Afghanistan, avez vous vu un journaliste ou un reporter
américain interviewer un membre du réseau taliban dans le but de
faire passer leur message ? Vous prétendez que la presse locale en
Côte d'ivoire s'en prend à l'opposant Ouattara. De deux choses l'une,
ou bien il y a une liberté de la presse, ou il n'y en a pas. Si la
liberté existe, où est le problème quand un journal s'en prend a un
individu ? Défendez-vous la liberté de la presse, ou l'opposant
Ouattara. Il faut savoir faire la part des choses. Je ne sais pas si
il vous arrive d'écouter certains Talk show chez nous, et la manière
très violente avec laquelle les animateurs attaquent ou défendent tel
ou tel individu, y compris le président. Tout cela fait partie des
libertés d'expression.
En conclusion, je trouve injuste et très erroné que, pour des raisons
inavouées, une organisation qui prétend défendre la liberté de la
presse, se comporte comme vous le faites en ne vous attaquant qu'aux
sans voix, aux " petits pays " qui n'ont pas les moyens de se
défendre sur le plan international. Pouvez-vous, même dans votre rêve
le plus fantasmique, imaginez que l'ambassadeur de France aux Etats-
Unis écrive au président Bush, une lettre telle que celle de M.
Vignal au président Gbagbo ? La réalité est qu'il ne peut même pas
écrire ce genre de lettre à un patron de la presse américaine. Pour
preuve, depuis environ un mois, la presse américaine ne fait que s'en
prendre à Jacques Chirac à propos de sa position sur le dossier
iraquien ; et ce de manière très virulente. Si comme vous le dites,
vous êtes pour le traitement équitable de l'information, venez aux
Etats-Unis rétablir l'équilibre, et profitez-en pour rétablir aussi
l'équilibre entre la presse américaine et le réseau Al Qeda.
Christ Ziko
Journaliste professeur
Lettre publiée par Le National du 06/11/2002
Côte d'Ivoire
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