afrique@listes.univ-lyon1.fr
[Top]

COTE D'IVOIRE : Un citoyen américain écrit à Robert Ménard, après la pla

To: afrique@univ-lyon1.fr
Subject: COTE D'IVOIRE : Un citoyen américain écrit à Robert Ménard, après la plainte de Reporters Sans Frontières
From: "Noel N." <nono@xulucity.com>
Date: Wed, 6 Nov 2002 21:32:39 +0100
Delivered-to: afrique@dns2.univ-lyon1.fr
Delivered-to: afrique@univ-lyon1.fr
Je viens de prendre connaissance de votre plainte 
auprès du conseil de sécurité des Nations Unies contre la Côte 
d'ivoire. 

En ma qualité de journaliste citoyen américain, permettez que je vous 
éclaire un peu sur certains faits que vous vous efforcez à ne pas 
reconnaître, pour ne pas dire que vous faites preuve de mauvaise foi. 
Dans votre rapport, nulle part vous ne faites cas du changement de 
langage de votre confrère "le Monde" après la démission de son 
correspondant en Côte d'ivoire. En effet, ce journaliste protestait 
contre le fait que ces écrits étaient soient tronqués, soient 
ignorés. 

N'est ce pas là un " oubli " trop flagrant de votre part ? 

Vous dites que " Le National " accuse sans apporter la moindre 
preuve. Quelle preuve le quotidien français Libération a-t-il apporté 
pour se permettre d'écrire, sans que vous soyez indignés, qu'il 
s'agissait de " règlement de compte déguisé " ? Vous reprenez les 
déclarations du conseiller du président ivoirien à ce sujet, sans 
doute parce que vous les trouvez agressifs et injustes, sans toute 
fois vous soucier des conséquences de cette allégation mensongère 
sans la moindre preuve du quotidien Libération. 

Vous trouvez que le gouvernement et une partie de la population en 
Côte d'Ivoire accusent la presse étrangère de " rouler pour les 
rebelles ", ou de parti pris. Un seul exemple : l'Afp a à deux 
reprises publié une dépêche intitulée " la guerre en Côte d'ivoire 
sur le Net " : Dans cette dépêche, on parle du site que les rebelles 
ont créé en donnant son adresse. A aucun moment l'Afp n'a jugé utile 
de donner aussi le nom du site que le gouvernement ivoirien a créé, 
ou même d'en parler. Il a fallu attendre jusqu'à la semaine dernière 
pour que Rfi qui d'ailleurs était le seul-parle des nombreuses 
contributions que les ivoiriens ont fait pour soutenir l'effort de 
guerre. Vos journalistes interrogent les habitants de Daloa sur les 
exactions qu'auraient commises les forces loyales au gouvernement 
dans cette région. Bien que Amnesty International ait fait cas des 
exactions commises par les rebelles à Bouaké et Korhogo, aucun 
journaliste étranger n'a ni trouvé, ni jugé nécessaire de contacter 
et d'interroger les " rescapés " ou les exilés de ces régions pour en 
savoir plus. Quel scandale journalistique de votre part ! Si tout 
cela " n'est pas une preuve flagrante d'un traitement sélectif de 
l'information, je crois que nous avons tous besoin de retourner à 
l'école de journalisme. 

Chez nous aux Etats-Unis, après les attaques du 11 septembre 2002, la 
Maison Blanche a demandé aux médias de ne pas diffuser les messages 
du réseau Al Qeda. Sans toute fois faire preuve de " patriotisme 
exacerbé ", nous avions accepté pour ne pas faire la publicité et 
contribuer à la propagande d'un groupe de terroristes. Et quand nous 
décidions de les diffuser, nous nous réservions le droit de 
sélectionner les séquences. Je ne me souviens vous avoir entendu vous 
plaindre auprès du gouvernement américain ou ailleurs, sur " la 
manière sélective " dont nous diffusions ces informations, ni sur les 
censures évidentes et flagrantes du réseau Al Qeda. Combien de fois 
aviez-vous entendu ou vu sur les chaînes américaines, un journaliste 
ou un reporter faire les éloges, ou commenter les prouesses des 
combattants Talibans et Al Qeda ? Combien de fois depuis le début de 
la guerre en Afghanistan, avez vous vu un journaliste ou un reporter 
américain interviewer un membre du réseau taliban dans le but de 
faire passer leur message ? Vous prétendez que la presse locale en 
Côte d'ivoire s'en prend à l'opposant Ouattara. De deux choses l'une, 
ou bien il y a une liberté de la presse, ou il n'y en a pas. Si la 
liberté existe, où est le problème quand un journal s'en prend a un 
individu ? Défendez-vous la liberté de la presse, ou l'opposant 
Ouattara. Il faut savoir faire la part des choses. Je ne sais pas si 
il vous arrive d'écouter certains Talk show chez nous, et la manière 
très violente avec laquelle les animateurs attaquent ou défendent tel 
ou tel individu, y compris le président. Tout cela fait partie des 
libertés d'expression. 

En conclusion, je trouve injuste et très erroné que, pour des raisons 
inavouées, une organisation qui prétend défendre la liberté de la 
presse, se comporte comme vous le faites en ne vous attaquant qu'aux 
sans voix, aux " petits pays " qui n'ont pas les moyens de se 
défendre sur le plan international. Pouvez-vous, même dans votre rêve 
le plus fantasmique, imaginez que l'ambassadeur de France aux Etats-
Unis écrive au président Bush, une lettre telle que celle de M. 
Vignal au président Gbagbo ? La réalité est qu'il ne peut même pas 
écrire ce genre de lettre à un patron de la presse américaine. Pour 
preuve, depuis environ un mois, la presse américaine ne fait que s'en 
prendre à Jacques Chirac à propos de sa position sur le dossier 
iraquien ; et ce de manière très virulente. Si comme vous le dites, 
vous êtes pour le traitement équitable de l'information, venez aux 
Etats-Unis rétablir l'équilibre, et profitez-en pour rétablir aussi 
l'équilibre entre la presse américaine et le réseau Al Qeda. 

Christ Ziko 
Journaliste professeur 
Lettre publiée par Le National du 06/11/2002 
Côte d'Ivoire 
---------------------->>>
http://www.xulucity.com : Actualité PanAfricaine - Articles Postés


<Prev in Thread] Current Thread [Next in Thread>
  • COTE D'IVOIRE : Un citoyen américain écrit à Robert Ménard, après la plainte de Reporters Sans Frontières, Noel N. <=