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Les révélations troublantes d'un officier des Renseignements Burkinabè

To: afrique@univ-lyon1.fr
Subject: Les révélations troublantes d'un officier des Renseignements Burkinabè
From: "Noel N." <nono@xulucity.com>
Date: Wed, 6 Nov 2002 21:34:42 +0100
Delivered-to: afrique@dns2.univ-lyon1.fr
Delivered-to: afrique@univ-lyon1.fr
Monsieur, vous êtes officier du renseignement burkinabé. Qu?est-ce qui 
explique votre présence à Abidjan même si elle est discrète ? 

Je suis là pour m?acquitter d?un certain devoir pour permettre aux autorités 
de se rattraper et faire face à la situation qui prévaut actuellement en Côte 
d?Ivoire. Tout ce qui arrive est dû à beaucoup de négligences et à un manque 
de vigilance au niveau des autorités en ce qui concerne la sécurité. Il y a 
longtemps que pesaient des menaces sur la sécurité et la stabilité de la Côte 
d?Ivoire. 

Concrètement à partir de quand l?alerte a été lancée ? 

Nous sommes rentrés en action à partir du mois de mars 2002 en nous disant 
que ce qui arrive est très grave et on a discrètement saisi les autorités 
ivoiriennes. On a ainsi saisi l?ex-ministre de la Sécurité Boga Doudou qui 
nous a mis en contact avec son directeur de cabinet. Finalement, on nous a 
renvoyé au commissaire du Gouvernement Ange Kessy comme notre interlocuteur 
direct dans le mois de mai. Ce dernier nous a écouté avec une bienveillante 
attention. Compte tenu de la crédibilité des renseignements et de la gravité 
de la situation, le commissaire Ange Kessy a pris un mandat d?arrêt et une 
mesure de demande d?expulsion des militaires déserteurs ivoiriens au Burkina 
Faso. Je crois que le mandat d?arrêt a suivi le cheminement légal nécessaire 
et le dossier a été régulièrement traité par le tribunal militaire de 
Ouagadougou qui a aussi saisi le tribunal de Ouaga et c?est le parquet qui a 
finalement refusé l?exécution de cette décision d?extradition qui devait être 
exécutoire. 

Sur quel motif se fondait le refus du parquet de Ouaga ? 

Il y a eu une commission rogatoire en bonne et due forme et je suis surpris 
que le président Blaise Compaoré prétende que les autorités judiciaires 
burkinabé n?aient pas été régulièrement saisies pour l?extradition des 
militaires déserteurs ivoiriens. La vérité est qu?un certain Tanoh qui a 
envoyé à partir d?Abidjan, une petite délégation conduite par Dr Sanou qui a 
vu le président du tribunal de Ouagadougou et qui a, au préalable, contacté 
son substitut du nom de Sawadogo et une dame du nom de Mme Dembélé pour 
qu?ils annulent l?acte d?extradition de ces exilés. En fait, c?est le parquet 
de Ouagadougou qui a pris la décision d?annuler l?extradition de ces exilés 
et comme vous le savez, le parquet dépend directement du ministère de la 
Justice et du garde des Sceaux qui a pour premier responsable le président du 
Faso. 

Mais cet acte d?extradition concernait combien de personnes ? 

Il est important de rappeler que la demande d?extradition du tribunal 
militaire d?Abidjan a été officiellement reconnu par son homologue du 
Burkina. Les personnes à extrader étaient au nombre de huit parmi lesquels on 
peut citer Diarassouba, celui qui se fait appeler Zaga Zaga, il y avait aussi 
Ousmane Chérif, Koné Zacharia, Tuo Fozié? Vous pouvez voir le commissaire du 
gouvernement qui peut vous être plus clair. Le parquet de Ouaga a quand même 
donné des raisons au tribunal militaire ivoirien pour motiver son refus Je ne 
crois pas qu?il ait donné des arguments précis mais vous pouvez vous 
renseigner auprès de votre tribunal militaire ici à Abidjan. Selon mes 
renseignements, la délégation dont je parlais tantôt a envoyé vingt (20) 
millions en coupures d?Euros pour défendre leurs gars. Je n?avais plus suivi 
le dossier. Mais c?est quand les militaires s?apprêtaient à attaquer la Côte 
d?Ivoire que j?ai recommencé à les suivre. J?ai donc eu à faire des rapports 
aux autorités ivoiriennes et j?ai été notamment reçu par le commandant de la 
brigade de recherches de la Gendarmerie nationale ivoirienne qui nous a 
conduit devant le commandant de la Gendarmerie nationale. Finalement, nous 
nous sommes retrouvés devant le ministre de la Défense Lida Kouassi lui-même 
à deux reprises. Nous étions en juin 2002. 

Et qu?avez-vous dit précisément au ministre de la Défense et quelle a été sa 
réponse? 

Je lui ai dit que les gens se préparaient à faire la guerre et renverser le 
régime en place en Côte d?Ivoire. Ils avaient pour ambition de prendre le 
pouvoir et d?organiser rapidement les élections au bout de six mois. Tel 
qu?ils le réclament aujourd?hui. 

Tout était déjà donc bien ficelé ? Que vous a répondu le ministre Lida ? 

Effectivement, tout était bien planifié depuis longtemps. Je précise qu?après 
notre entretien, le ministre Lida a reçu ce même jour et en ma présence le 
maire de Bouaké, M. Fanny Ibrahima. Ce dernier était venu solliciter la 
moitié du terrain d?un camp militaire de Bouaké pour y réaliser des 
constructions. Et j?ai demandé ? mais un camp militaire est la propriété de 
l?Etat qui n?est aucunement une propriété de la municipalité ?. Mais le maire 
Fanny, sans sourciller a répondu : ? ce camp, si nous ne l?avons pas 
aujourd?hui, un jour on va construire dessus ?. 

Bref? Quelle suite le ministre a-t-il donné à vos renseignements ? 

Le ministre a dit : ? On garde le contact, on va s?occuper de tout cela ?. 
Ainsi, lorsque je suis rentré au Burkina, j?ai rappelé le ministre. Mais je 
suis tombé sur son directeur de cabinet qui m?a reçu au téléphone à qui je 
n?ai pas manqué de dire que maintenant les gens passaient à une vitesse 
d?exécution. Parce que des camions transportant des conteneurs dont on disait 
contenir de la friperie et venant de Lomé étaient garés à Banfora. En 
réalité, c?étaient des armes. Ces conteneurs sont restés à l?usine Savana à 
Bobodioulasso qui fabrique du jus pendant environ deux mois. Mon dernier 
contact direct avec les autorités ivoiriennes, c?est le 29 août. J?ai été 
accueilli par le commissaire Koudou, le conseiller technique du ministre Boga 
Doudou, à qui j?ai remis un rapport complet. Il m?a dit ce 29 août 2002 qu?il 
ne peut avoir de coup d?Etat en Côte d?Ivoire. Or en ce moment précis, les 
gens faisaient déjà traverser les armes et des combattants pour venir en Côte 
d?Ivoire. Plus grave, pour les formalités, ils ont pris contact avec le 
responsable de la douane à la frontière ivoirienne du pont sur la rivière 
Léléba et certains agents des forces de l?ordre pour que le matériel soit 
acheminé aisément en Côte d?Ivoire. J?ai mis tout cela dans mon rapport et le 
ministre a dit à Koudou qu?il prendrait contact avec moi plus tard. Cette 
rencontre n?a plus jamais eu lieu. Le commissaire Koudou m?a seulement fait 
savoir que selon leurs renseignements, les camions qui transportaient les 
armes étaient à Banfora et qu?ils n?ont pas traversé la frontière. J?ai alors 
pris soin d?appeler quand même le ministère de la Défense ivoirienne et on 
m?a dit que le ministre était en congé. C?est son directeur de cabinet qui 
m?a rappelé. Je lui est fait le même rapport en concluant que la Côte 
d?Ivoire doit s?apprêter à faire face à une grande attaque. 

Ce qui se préparait dans l?ombre au Burkina est tombé comme un couperet ? 

Je voudrais d?abord indiquer que le lundi 17 septembre 2002, M. Zoro Bi Ballo 
qui était à Ouaga à l?hôtel Pacific a reçu un coup de fil en provenance de 
Paris. Répondant à son interlocuteur, il a dit qu?ils ne pouvaient pas lancer 
l?opération parce que des ? intéressés ? étaient absents d?Abidjan. Il a 
proposé d?enfermer un certain nombre de personnes qu?il allait faire juger 
pendant que lui (parlant du président de la République en visite officielle 
en Italie) resterait en exil. On a du plutôt lui dire de faire exécuter ce 
qui était prévu c?est-à-dire, abattre les ministres de la Défense, de 
l?Intérieur et de la Sécurité, le chef d?Etat major, le commandant de la 
Gendarmerie, le commissaire du Gouvernement, etc. car s?ils sont vivants ils 
peuvent reprendre les choses en main et faire échouer le coup. Jai 
immédiatement pris contact avec le commissaire Dia Blé que j ?ai eu au 
téléphone. Il m?a ce jour rappelé trois fois. 

Vous voulez parler du Directeur des renseignements généraux ivoirien? 

Oui, le commissaire Dia Blé. Il a même fait que le commissaire N'Goran Koffi 
m'a appelé pour me demander ? mon frère qui veut faire quoi? Et pour quoi? ? 
Voici les questions qu?il m'a posées ce 17 septembre soir. Mais n?oubliez pas 
que les rebelles étaient informés de ce que le ministre Boga Doudou rentrait 
le 18 septembre soir à 17h40. ils étaient très précis. Instruction leur a 
donc été donné d?attendre la position de ? ceux qui sont à Abidjan et si la 
marchandise qui est partie avec le camion d'élevage est arrivé". L'autre a 
dit que ? la marchandise est arrivée et est stockée dans un lieu sûr ?. Ce 
jour, ils ont envoyé les armes dans un petit camion qui transportait 2 b?ufs. 
Il a également dit que les éléments qui étaient sur pieds à Abidjan n'étaient 
pas nombreux et qu'il fallait chercher du renfort. Aussi, ont-ils soutenu 
avoir essayé de rentrer en contact avec ? le Général ? (parlant de Guéi) qui 
hésite. Ils ont dit ? devait nous appeler, mais il ne l?a pas fait. Qu?il 
soit là ou non, nous allons nous exécuter ?. 

Le Général Guéi ne semblait pas très bien informé des derniers détails? 

Je ne sais pas trop. Mais celui qui parlait, c'était un certain (NDLR : 
Hésitations) Pacôme, probablement un garde de corps. Après Pacôme, c'est un 
autre du nom de Diomandé qui a appelé et qui a dit que le Général a souhaité 
qu?on lui donne le temps pour étudier le problème. C'est ainsi que le 18 
matin, j'ai appelé le commissaire Koudou pour lui dire "vraiment, les gens 
sont prêts à exécuter leur sale besogne". Il m?a demandé ce qu?on pouvait 
faire. Je lui ai répondu que cela dépendait de ceux qui sont à Abidjan. Voilà 
ce que je sais de l?histoire qui nous a mis dans ce pétrin. 

Quels sont les personnes qui étaient positionnés au Burkina et puis les 
différents commanditaires que vous connaissez ? 

Il y avait beaucoup qui sortaient mais qui rentraient aussi. Tout 
dernièrement dans le mois de mai, le Général Guéi et une délégation étaient 
là-bas avec un gros militaire barbu qui n'était pas payé. J'ai discuté avec 
cet élément à l'hôtel Pacific où ils étaient au Burkina. Ils sont venus avec 
une voiture Galloper Verte dans laquelle ils ont traversé toute la Côte 
d'Ivoire pour le Burkina en aller et retour. Je me suis entretenu avec eux, 
ils m'a dit qu'ils n'a pas de salaire, il a 100 000 F que Guei lui donne par 
mois qu'il a beaucoup d'enfants et qu?il envisage de s?exiler au Burkina où 
les autres vivent mieux. Ce jour là à la réunion, il y avait Tuo Fozié, Ib, 
Diarrassouba, Chérif et un certain Ezan, militaire également qui était leur 
porte-parole que je ne vois plus dans cette affaire. Il y avait celui qu?on 
appelait "Jonas Savimbi" que je ne connais pas de nom, mais qui est costaud 
avec beaucoup de barbe. Ils étaient nombreux. Parce qu'au fait "IB" a des 
moyens. Je pense que c'est lui qui était le seul coordinateur avec Balla 
Kéita, puisque Balla Kéita était au fait de tout ce problème. Il en savait 
vraiment beaucoup. 

Vous pensez que la mort de Balla Kéita est liée à toute cette affaire? 

La mort de Balla nous a pris un peu de vitesse. On attendait la mort de tout 
le monde sauf Balla Kéita. Mais Balla Kéita aussi ne jouait pas franc jeu 
parce qu'il était en contact très étroit avec Alassane. Même s'il était de 
l'UDPCI. Je sais que, quand la femme de Guéi était allée à Ouaga, à la mort 
de Balla Kéita, il y avait une cousine d'Alassane qu?elle a refusé de 
recevoir. En tout cas, on s'attendait à la mort de tout le monde sauf de 
Balla Kéita. Les "IB" et consort, ils étaient surveillés même dans les 
boites, il y avait au moins 4 gendarmes derrière eux. 

Si le Burkina ne sait pas, pourquoi les protéger? 

Parce que ce IB seul, il a cinq 4X4 double-cabines et une nouvelle mercedes 
4X4. Il faut aussi savoir que leur formation est claire. Beaucoup de rebelles 
ont été formés au Burkina. 

Où ont-ils été formés exactement là-bas au Burkina ? 

Il y a beaucoup qui ont été formés au camp de Dédougou à la frontière du côté 
de Bouna. Pour ceux qui parlent de Pö, c'est faux. A Pô, il n?y a personne 
parce que ce camp est surveillé par les Nations Unies. Dédougou est l'un des 
meilleurs camps actuellement construit recemment par la Lybie et où au moins 
5 avions peuvent atterrir en même temps. Quand les gens disent qu'ils ont été 
entraînés à Pô, ça veut dire qu'ils ne connaissent pas la réalité des choses. 
Même un agent ivoirien a été arrêté à Pô parce qu?il n?était pas bien 
informé. Actuellement, parmi les bras séculiers de ces rebelles, il y a le 
ministre d?Etat burkinabé Salif Diallo, qui a fait des histoires avec Boga 
Doudou à Tripoli, lors de la rencontre entre Blaise Compaoré et Gbagbo. Ils 
en sont venus même aux mains. Il fait partie des hommes forts de cette 
rébellion. Il y a aussi la main de Khadaffi qui est venu un peu tardivement 
dans cette affaire par le fils du Général Robert Guéi qui est là-bas en Lybie 
mais qui est rentré actuellement à Ouagadougou. 

Lequel fils de Guéi ? Celui qui était à la Lonaci? 

Je ne sais pas trop, seulement il vient d'arriver à Ouaga avec 2 millions de 
dollars US (NDLR : environ 2 milliards de FCFA) pour assister les rebelles 
parce que son père a été tué. Il voulait venir directement à Abidjan mais 
Khadaffi a refusé qui lui a donné cet argent pour payer des rebelles. Et 
puis, il y a un autre fils de Guei en Amérique qui, également, rejoindra les 
autres à Ouagadougou d?ici là, si ce n?est déjà fait. 

Qu?en est-il de IB dont on dit qu?il ne combat pas ? 

Vous savez, celui qui commande la vraie guerre ne le dit pas. C'est comme les 
erreurs que vous, en Côte d?Ivoire, avez faites au départ. Vous dites 
demain, ? nous allons à Bouaké ? ; mais les gens ne dorment pas et ils vous 
attendent de pieds-fermes. Je voudrais vous dire que ces gens sont 
militairement professionnels. Ils savent ce qu'ils veulent puisqu?ils ne 
diront jamais le nom du leader tant qu'il n'est pas leader, c?est-à-dire tant 
qu?ils ne parviennent pas à leurs fins. Ils sont très bien organisés. Ils 
sont en train de mener les Maliens en bateau en disant que leurs compatriotes 
sont en train d?être tués à Daloa. Voilà pourquoi aujourd'hui, il y a la 
masse de ressortissants maliens, qui rentrent en Côte d?Ivoire. Et il faut 
stopper ça. 

On a seulement dit que des dozo les ralliaient par centaine à Bouaké? 

J'ai vu de mes yeux des vieux comme des jeunes dozo se rallier à eux et même 
des vieilles pour se former. Pour convaincre un dioula, c'est très facile. Il 
suffit de dire qu'on est en train de tuer les musulmans. Vous savez, on dit 
quand tu meurs en guerre, tu pars au paradis et chacun voudrait peut-être 
aller au paradis. Ce que nous déplorons aussi, c?est ce flot de voitures qui 
traversent actuellement le Burkina pour le territoire ivoirien. Si la 
frontière est fermée officiellement, il faut qu'elle le soit effectivement. 
En date du 26 octobre dernier à 12h45, nous avons observé 2 gros camions 
citernes porteurs de carburant en provenance de Bobodioulasso. Le premier 
camion immatriculé 11G3640BF était de couleur verte et le second camion DAF 
de couleur blanche immatriculé 10 H 1375 BF. Ils transportaient du carburant 
et ont été reçus juste sous le pont de la rivière Laléba par une voiture 
Mitsubishi L 200 couleur militaire et pleine de combattants rebelles. Et à 
notre départ à 14 heures, nous avons rencontré une Toyota Land Cruiser avec 
l?étiquette d?une société, Codan à la portière chauffeur. Il s?est avéré que 
la Toyota appartient à un Burkinabé du nom de Koné Bob, technicien qui 
partait installer le système de communication-radio UHF de 100 postes dans 
toutes les zones de guerre tenues par les rebelles. Et ce Koné Bob est le 
frère de Koné Zakaria, un des chefs rebelles à Vavoua. 

Qu'est-ce que les rebelles veulent concrètement ? 

Le pouvoir. Après le pouvoir, juger tous ceux qui sont au pouvoir. Ils 
imputent la mort de Guéi au Premier ministre qui aurait dit que le Général 
était au front. Ils disent que les gendarmes sont plutôt partis de chez le 
Premier ministre pour aller tuer Guéi alors qu'il était à table. Selon eux, 
ils ont des preuves. Les rebelles sont sûrs d?eux et ils ont dressé la liste 
de leurs militaires encore infiltrés à Abidjan (NDLR : Il sort une liste de 
noms). Aussi, parlant de la légèreté dans le domaine de la sécurité, je peux 
vous assurer que l?ancien garde de corps de Balla Kéita est actuellement à 
Abidjan où il est rentré avec des papiers burkinabé. 

Comment est-ce possible en ces temps où tout doit être surveillé? Est-ce que 
vous pensez qu'ils sont aussi forts pour mettre tout le monde à leurs pieds. 

La rébellion, c'est une détermination. Vous pouvez avoir tous les avions du 
monde et les gens parviennent à vous chasser. Aujourd'hui, les Ivoiriens sont 
déterminés, on ne veut pas la guerre en Côte d'Ivoire. Il y a des gens au BF, 
si on leur donne des fusil aujourd'hui, ils attaquent les rebelles. Parce 
qu'ils en ont marre du problème ivoirien. A Bobo, rien ne marche. J'ai vu des 
peuls qui ont fermé leurs boutiques parce que le lotus qui était à 100 F est 
passé à 300 F CFA. 

Justement, là-bas on en veut aux Ivoiriens ou au président Compaoré? 

Les burkinabè en veulent à leur président. Il y a eu des émeutes dernièrement 
que des Ivoiriens n'ont pas bien saisi. Il y avait le véhicule de la femme de 
Blaise Compaoré qui revenait de Ziniaré où lui-même avait pris place. Et nous 
étions à la veille du 15 octobre, jour anniversaire de la mort de Thomas 
sankara. Des gens ont laissé ça et ils ont bombardé sa voiture. Ils ne l'ont 
pas eu . Et jusqu'à présent on ne sait quels éléments ont fait ça. Il y a 
échappé belle. Mais ils ont empêché les journalistes de RFI qui voulaient 
voir. Néanmoins, des gens très futés ont pu mettre l?élément sur internet. 
Sinon aucun journal n'a eu accès au lieu de ce drame. C?est-à-dire que tout 
le monde n?est pas content du soutien de Blaise Compaoré aux rebelles. 

Des rumeurs ont parlé de coup d?Etat à Abidjan, quelle a été l?ampleur des 
dégâts ? 

Il y a eu le lieutenant Kiéré qui a été tué. Un autre agent de la sécurité, 
Zambrago, a eu le bras arraché. Vous savez, l'information au Burkina, ce 
n?est pas comme chez vous en Côte d?Ivoire où la presse est absolument 
indépendante et j?apprécie cela. Chez nous, l?information est d?abord traitée 
avant que la presse n?ait accès. Et l?information sur le drame qui a failli 
emporter Blaise Compaoré ce 14 octobre à 21h, c'est Abidjan qui l'a relatée 
le premier avant que Ouaga ne la reprenne. Il faut aussi que les Ivoiriens 
sachent qu?il y a des gens qui sont prêts à régler le compte à Blaise parce 
que le problème ivoirien n?arrange pas le Burkinabè. Et ce jour où il a 
échappé à l?attentat, les gens visaient son véhicule, une mercedès blindée. 
Alors qu?il était dans celui de sa femme qui était déjà passé comme je vous 
l?indiquais. C?est un RPG qui a été jeté en dessous du véhicule à 12 km de 
Ziniaré, le village du président Compaoré et le véhicule a sauté. La route a 
été fermée pendant 2 jours. Aucune source de journal n'a pu rapporter 
l'information. 

Quelles sont les répercussions de la crise au niveau du Burkina Faso 
actuellement ? 

Sachez que le Burkina est à genou. Au grand marché par exemple, les 
commerçants ont voulu marcher sur la présidence la dernière fois parce qu'ils 
prennent tout en Côte d'Ivoire. Blaise a refusé. Les Ghanéens de leur côté ne 
pardonnent pas aux Burkinabè la mort de Thomas Sankara. Pour un camion qui 
transite là-bas, tu paies deux fois plus cher. Le Togo aussi n'a plus rien 
parce que la politique a tué ce pays. Donc, voilà la problème du Burkina Faso 
aujourd'hui. Or c'est grave, très grave. Il faut qu'on cherche à résoudre ce 
problème. Il y a des gens au Burkina Faso qui sont prêts à attaquer les 
positions rebelles pour que leur pays retrouve la paix avec son voisin. Ils 
sont prêts à ouvrir une rébellion au Burkina Faso. Seulement, il leur manque 
les moyens. 

Avez-vous essayé d'explorer l'origine du financement de la rébellion 
ivoirienne ? 

Les multinationales françaises ont contribué à près de 60% à cette guerre. Il 
y a beaucoup de groupes français qui sont dans différents domaines en Côte 
d?Ivoire. Les initiatives comme la libéralisation ne font pas forcement 
plaisir et dénote de la trop grande indépendance. Les prochains appels 
d?offres internationaux que veut lancer la Côte d?Ivoire va mettre la fin au 
monopole des multinationales françaises. Pour le colonisateur français, c?est 
un ? péché ? des réfondateurs qui doivent trouver les formules, même si leur 
intention reste de libéraliser. Il faut éviter de chanter la libéralisation 
dans la rue. Comprenez qu?ils ne vont pas vous laisser.Vous voyez donc qu?il 
s?agit d?un problème d'intérêt parce que les Français ont de nombreux 
intérêts ici. Je crois que les Ivoiriens devraient faire en sorte que même 
s?ils ont des choses à dire, qu?ils le fassent de façon responsable et non 
dans la rue. Pour revenir au financement, on peut parler de sources 
libyennes, des différents lobbies de ceux qui veulent prendre le pouvoir en 
Côte d?Ivoire. Enfin, beaucoup de gens ont financé ce coup. Toute chose qui 
compromet la paix. C?est cela. Mais je pense que la guerre en Côte d'Ivoire 
ne va pas durer. Je croix que la Côte d?Ivoire a les moyens de s?en sortir. 
Il suffit de se montrer discret et efficace pour écraser dès maintenant cette 
rébellion. 

Pourquoi êtes-vous aussi optimiste là où les assaillants eux ne démordent 
pas ? 

Parce que les revendications des rebelles n'ont aucun fondement. Mais, il 
faut les combattre pour qu'ils comprennent qu'il faut déposer les armes. 
Vous, vous ne les combattez pas. Vous ne faites que des marches, c?est 
certainement bien puisque c?est un soutien à l?Etat. Mais avant les marches, 
il faut des actions concrètes. Par exemple, le pont dont je parlais tantôt à 
la frontière, qu?attendent les Ivoiriens pour le détruire ? Parce que c?est 
là que tout se passe et les entrées sur votre territoire se passe là, votre 
malheur aussi. Parce qu?il ne faut pas se leurrer, ces rebelles sont bien 
organisés avec des structures efficaces. Par exemple quand Zorro Bi Ballo est 
arrivé à Ouaga pour le recrutement des rebelles, il a contacté un certain 
Zaré à qui il a dit : ? J'ai 250 000 F CFA à remettre à chacun de ceux qui 
sont prêts à aller combattre. Vous prenez une avance de 500 000 de dette 
avant de quitter Ouaga ?. Je sais qu'il avait déjà recruté près de 80 
personnes. Et j'ai appelé même le ministre de l'Intérieur du Burkina pour 
demander ce que sera le sort de ces Burkinabés qui partent s?ils étaient 
pris. Il m'a répondu que ce n'était pas son problème". 

Quel est au juste le rôle de Zoro Bi Ballo au sein de cette organisation? 

Il est le Directeur de la communication chargé aussi des relations 
extérieures du MPCI. Je peux vous assurer que Zoro fait partie des maîtres à 
penser du MPCI à Ouagadougou. Il a une branche à Paris, une en Belgique, une 
autre en Amérique. Ils sont très bien organisés et Zoro coordonne tout et 
informe la hiérarchie. Si le coup marchait, il devrait être le ministre de la 
Justice. 

C'est qui la hiérarchie? 

Elle est formée de tout le monde. Vous savez dernièrement, il y a un des 
patrons qui est venu de Chine ou de Tawain, le Général Palenfo. Et Zoro Bi 
Ballo disait à l'autre que Palenfo devait arriver et qu?il devait qu?il donne 
quelques instructions. Et il est arrivé. C'est un truc qui englobe beaucoup 
de monde et il faut se garder de trop parler et la Côte d?Ivoire doit savoir 
ce qu?elle a à faire si elle veut la paix aujourd?hui. Mais ce que je pense, 
c?est que Blaise Compaoré, aujourd'hui, peut mettre fin à la guerre en Côte 
d'Ivoire. Quand il parle de xénophobie en Côte d?Ivoire, il fait honte même 
si tout le monde sait qu?il a des intérêts avec Alassane Ouattara. Parce que 
Compaoré sait que la Côte d?Ivoire n?a jamais été xénophobe. 

Parce que vous pensez que Blaise Compaoré est engagé dans cette affaire? Et 
pourquoi à votre avis ? 

Blaise Compaoré, c'est mon président, il n'est pas directement engagé dans 
cette affaire mais il n'est pas non plus très clair. Puis qu?il sait tout ce 
qui se passe. S'il n'a pas arrêté cette guerre, c'est parce qu'il sait qu?on 
peut passer n'importe où pour prendre le pouvoir. Parce qu'il a toujours dit 
aux gens : "Ce Monsieur (NDLR : le Président Laurent Gbagbo), c?est un ami je 
le connais mais je ne savais pas qu'il allait traiter les burkinabè comme 
ça". Et ce qui rebiffe bien des gens, c?est la politique de l?identification 
avec l?ONI. Tant que la Côte d?Ivoire la maintiendra, ce sera difficile. 
Parce qu?au fait, il y a beaucoup de gens qui sont arrivés dans votre pays et 
qui, deux jours plus tard, étaient Ivoirien sans autre forme de procès. C?est 
extraordinaire. Cette nouvelle vision pour de l?ONI va contre eux puisqu?ils 
savent qu?ils ne sont pas de vrais Ivoiriens. Ils n?ont pas d?autres intérêts 
que de lutter contre l?identification et donc contre ceux qui ont initié 
cette politique. En clair, il y a dans le coup les commanditaires et ceux qui 
en profitent pour régler des comptes. 

Interview réalisée par G. Bertrand KUYO Coll et BIDI Ignace 
Soir Info 
Côte d'Ivoire 
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