Le Parti Socialiste ne renouera avec ses valeurs progressistes qu'en ?uvrant
pour la démocratie politique et sociale, la croissance, l'emploi et la
réduction des inégalités? Un socialisme humaniste, héritage de Jean Jaurès,
ne peut qu'encourager la mixité sociale dans les villes, lutter contre les
discriminations dans l'espoir de permettre à la "France plurielle" de rester
indivisible.
Quelle France voulons-nous dans les prochaines années ? Quelle place
réservera-t-elle aux minorités ? Quelle sera sa politique d'immigration et
d'émigration ? La France de demain restera-t-elle insensible à la paix et au
développement de l'Humanité ? Ne doit-elle pas, dans le domaine des droits de
l'Homme et de la solidarité internationale, s'exprimer avec force de façon à
être entendue à travers le monde ?
Si les politiques du droit d'asile et de l'immigration constituent deux
domaines distincts, elles ont forcément des répercussions sur l'intégration
proprement dite. Dans une France plurielle qui tient à rester indivisible, on
ne peut pas faire l'économie, au plan local, du droit de vote et
d'éligibilité aux ressortissants non-communautaires. Sans conteste, de cette
citoyenneté mosaïque découlera un véritable engouement pour une
mondialisation constructive.
Cette contribution thématique ne couvre que quelques domaines effleurés supra
et développés ci-dessous. Elle insiste sur des propositions d'axes politiques
assortis de pistes précises pour les prochaines échéances. Elle est le fruit
d'un travail d'équipe mené, au sein du groupe Enjeux Socialistes, dans la
perspective ambitieuse d'une projection vers l'avenir par des lignes
directrices fortes.
I ? QUELLE POLITIQUE DU DROIT D'ASILE ?
Il n'y a pas longtemps, le ministre de l'Intérieur, de la Sécurité intérieure
et des Libertés locales, Nicolas Sarkozy, a déclaré vouloir réformer le droit
d'asile. L'objectif principal de ladite réforme consisterait à raccourcir les
délais de réponse aux requérants. Quant aux candidats à l'asile territorial,
ils devraient désormais s'adresser à l'Office français de protection des
réfugiés et apatrides et non plus au ministère de l'Intérieur. En plus, le
gouvernement voudrait ajouter à ces mesures, en amont, l'allongement du délai
de rétention administrative.
Plutôt que de juger hâtivement "trop laxiste" le système actuel, le
gouvernement Raffarin ferait mieux de s'interroger sur les conditions de vie
des émigrants en France. Cela permettrait de simplifier la procédure et
d'accélérer le traitement des dossiers en connaissance de causes.
Il est un danger de vouloir systématiquement créer tout un arsenal
réglementaire pour étouffer la conception première du droit d'asile. A force
de multiplier les procédures, on risque de la détruire, d'autant plus que la
réalité a considérablement évolué.
Que l'on accorde aux demandeurs d'asile légitime le droit d'atteindre un
interlocuteur valable qui puisse les écouter et répondre dans un délai
raisonnable à leurs demandes. Pour les autres, qui ne sont ni immigrés
économiques illégaux, ni terroristes, on doit leur assurer la possibilité
d'être tolérés, de vivre dans la décence et la dignité jusqu'à un éventuel
retour dans leurs pays.
Il faudrait beaucoup de compréhension et d'humanisme dans la résolution de ce
problème. On doit surtout éviter de recourir aux mêmes méthodes pour trouver
une solution à un sujet relatif, plus ou moins, à l'immigration et à
l'émigration. Concernant les soi-disant réfugiés économiques, il faut leur
apporter d'autres conclusions.
Plutôt que de vouloir privilégier l'allongement du délai de rétention
administrative, il vaudrait mieux traiter les questions du sous-développement
avec les moyens du développement et les problèmes politiques grâce aux moyens
que prévoit la Convention de Genève. Si l'on distingue bien ces deux
contextes, on aboutira à un résultat favorable.
II ? QUELLE POLITIQUE D'IMMIGRATION ?
Le Parti Socialiste doit préconiser en matière d'immigration une politique
digne de ses principes, ce qui n'exclut pas un certain réalisme. Concernant
l'immigration africaine, vu les liens historiques unissant la France à ce
continent, il serait souhaitable de recourir à "un Concordat" basé sur des
négociations tripartites - lors du Sommet franco-africain - entre les
délégations d'immigrés originaires d'Afrique vivant en France, des
représentants de la France et des États africains. Au plan international, la
ratification de ce "Concordat" - l'équivalent d'un traité international, donc
supérieur aux lois nationales - engagerait la crédibilité des pays
signataires, évitant ainsi à la France de supporter une immigration
clandestine tout en renouant des liens de vraie coopération, voire d'amitié.
Au plan intérieur, le "Concordat" permettrait de neutraliser les extrémistes
qui se servent de l'immigration à des fins racistes et des visées
électoralistes. "L'immigration africaine en France, rappelait à juste titre
le général André Makanda, forme un tout avec la coopération franco-
africaine."
En outre, grâce à ces négociations, la France pourrait, en considération des
nouvelles donnes de la géopolitique, inciter l'Europe à conduire dans les
pays africains et dans son propre territoire une double action. En devenant
ainsi le moteur de l'harmonisation des politiques d'immigration et de l'aide
au développement durable de l'Afrique, la France reprendrait sa place de pays
initiateur des droits de l'Homme.
III - DE L'INTÉGRATION PROPREMENT DITE
Dans son premier rapport, le Haut Conseil à l'Intégration estime "qu'il faut
concevoir l'intégration non comme une sorte de voie moyenne entre
l'assimilation et l'insertion, mais comme un processus spécifique : par ce
processus, il s'agit de susciter la participation active à la société
nationale d'éléments variés et différents, tout en acceptant la subsistance
de spécificités culturelles, sociales et morales, et en tenant pour vrai que
l'ensemble s'enrichit de cette variété, de cette complexité."
Pour tenter de décrire la réalité de l'intégration, le Haut Conseil suggère
de suivre un ensemble d'indicateurs chiffrés portant sur tous les domaines :
nationalité, famille, promotion sociale, vie en société, éducation, etc.
Malheureusement, force est de constater qu'à chaque élection, les partis
politiques de gauche comme de droite courtisent les populations noires, les
communautés asiatique, maghrébine et latino-américaine?, mais les ignorent
une fois le suffrage obtenu. Comment imaginer une France cynique, étrangère à
la cohabitation humaine, encline à l'exclusion des minorités et aux
clientélismes électoraux, qui violerait les droits de l'Homme au sein même de
leur berceau ? Comment oser fermer les portes de la République à ces citoyens
français, qui n'ont pas choisi d'être nés quelque part ou de ne pas pouvoir
biologiquement prendre la couleur locale, alors qu'on brandit avec fierté
l'étendard portant la devise "Liberté, Egalité, Fraternité" ?
Le daltonisme à la française, constate-t-on, fait très largement défaut à
la "concitoyenneté". Alors, cessons de prendre part au jeu qui consiste à
vilipender l'autre pour ne pas effaroucher un certain extrémisme politique
sévissant à droite. Cessons de céder à certains discours de haine tendant à
crier haro sur l'immigré, ou sur les citoyens français issus de
l'immigration, pour être sûr de ne pas perdre les élections.
...
Ce texte est un extrait de la contribution de Gaspard-Hubert B. LONSI KOKO
dont l'intégralité se trouve à l'adresse suivante :
http://www.xulucity.com/prod/news_detail.php?idann=2497
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