Réaction de la Française Claude Lamirand
Proche de Alain Madelin, Claude Lamirand anime ce site
internet à travers lequel elle donne sa position sur
la crise que vit la Côte d?Ivoire depuis le 19
septembre 2002.
Chère lectrices, chers lecteurs
Je reviens sur le texte ci-dessus où j'ai évoqué mon
sentiment sur les militaires français présents en
C'ôte d'Ivoire, et notamment ceux qui sont morts. Le
conflit irakien traité par la télévision française
nous amène d'abondants témoignages idéologiquement
conformes à ce que pensent nos médias inféodés en
France. Les militaires américains s'expriment, peuvent
s'exprimer et donner leur opinion, mais pas les
militaires français. Je ne vais pas m'étendre sur
l'interprétation de la liberté que cette différence de
droit nous amène, ni sur la valeur individuelle d'une
opinion militaire selon qu'elle soit française ou
américaine, mais une chose est certaine, c'est que nos
militaires meurent et vont continuer de mourir en Côte
d'Ivoire sans que nous sachions pourquoi ils doivent
mourir, le gouvernement donnant seul la parole et la
presse française ne faisant que la rapporter et la
soutenir.
La présence française en Côte d'Ivoire est totalement
injustifiable dans les circonstances actuelles, cela
je l'ai déjà dit, mais ceci dit, ceci ne veut pas dire
que nos militaires sont des coupables. Ils sont là-bas
pour accomplir le devoir que l'autorité légitime du
gouvernement français leur a confié. Un point c'est
tout. Quand ils sont blessés ou tués, cela nous
touche, nous la population française, parce que nos
militaires sont là pour nous défendre, pour servir la
sécurité de la France et parce qu'ils sont une part de
nous en chair et en pensée, en culture. Cette
souffrance que nous ressentons à leur intention ne
doit pourtant pas sombrer dans le patriotisme ou le
nationalisme. Nous ne devons pas perdre de vue qui
leur fait faire l'injustice en Côte d'lvoire, nous ne
devons pas perdre de vue que nos soldats sont aux
ordres et que s'ils ne l'étaient pas, nous leur en
voudrions beaucoup, pour Ie moins... Si le conflit
dégénère et que le nombre de morts français augmente,
il y a un risque que notre gouvernement et nos médias
rebondissent sur la fibre nationaliste. Chacun sera
poussé entre son sentiment national et celui qu'il a
pour la justice, pour le respect du droit démocratique
et constitutionnel des Ivoiriens.
Etre Français, pour moi, ne relève que de la culture
qui m'imprègne, et le sacrifice que je pourrai devoir
faire un jour pour mon pays, Ia France, ne peut pas
relever de ce sentiment d'appartenance, mais
uniquement de mon adhésion à la cause qu'il faut
défendre...ou ne pas défendre. L'Etat français a
massacré la jeunesse de 1914 puis celle de 1940. Il a
fait massacré des milliers de Français et d'Algériens
dans une guerre qui refusait l'aspiration à
l'émancipation des Algériens. Il est responsable du
génocide au Rwanda et aujourd'hui, il contemple les
massacres soudanais depuis la frontière tchadienne.
Je suis désolé parmi les désolés, mais je ne sais pas
à quel droit l'Etat français se réfère, ni à quel
droit l'ONU qui le couvre se réfère, en ce qui regarde
le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, en ce qui
concerne la défense des démocraties et en ce qui
concerne les libertés et droits individuels que nous,
citoyens français détenons, en totale égalité de
principe avec les citoyens ivoiriens. J'ai déjà écrit
quelque part sur ce site que je ne soutiendrais jamais
le drapeau de la France quand il sera une gifle, une
claque et un mépris.
En Côte d'lvoire, il y a un gouvernement légitime
reconnu par la France qui veut recouvrer l'unité de
son territoire ; il y a un Etat souverain qui est en
droit d'activer les accords de défense pour
reconquérir ce territoire avec l'armée française. En
Côte d'lvoire, les Français sont des partenaires dans
le cadre des accords ou des occupants quand ils ne les
appliquent pas. Je ne vois pas en quoi, ni avec quel
argument, je pourrais contredire la volonté d'un chef
d'Etat élu démocratiquement et qui respecte la
Constitution de Côte d'lvoire, qui veut recouvré
l'unité de son pays. Je pense que le général de Gaulle
n'aurait pas pensé autrement. Alors je ne comprend pas
du tout ce que nous, les Français faisons en Côte
d'lvoire dans l'opposition au gouvernement légitime.
Claude Lamirand
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