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la part de la France

To: afrique@univ-lyon1.fr
Subject: la part de la France
From: John Tra <jtra00@yahoo.com>
Date: Mon, 30 Sep 2002 08:30:58 -0700 (PDT)
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L'armée française dans le piège ivoirien
(Le Figaro 30/09/2002)


Déployées au centre de la Côte d'Ivoire pour évacuer les ressortissants français et étrangers des provinces septentrionales du pays, contrôlées depuis dix jours par une mutinerie militaire, les forces françaises sont en passe de devenir malgré elles partie prenante d'une guerre civile.
Par leur seule présence sur le terrain, les unités chargées de l'extraction des étrangers de Bouaké et de Korhogo modifient les rapports de force entre les mutins et le gouvernement d'Abidjan, au profit de ce dernier. Stationnées sur l'aéroport de Yamoussoukro, mais aussi à Brobo et à Tiébissou, deux bourgades situées respectivement à 25 kilomètres à l'est et à 65 kilomètres au sud de Bouaké, les troupes françaises bloquent depuis plusieurs jours les tentatives de la rébellion pour progresser vers le Sud.

Dès la fin des opérations d'évacuation des ressortissants étrangers de Bouaké, vendredi dernier, une colonne de véhicules chargés de soldats mutinés a été stoppée par les unités françaises déployées au niveau de l'école baptiste, à la sortie est de la ville. Hier, des habitants de Tiébissou affirmaient que les troupes françaises étaient les seules à tenir le pont sur la rivière Kan, face aux mutins, et donc la route de Yamoussoukro, capitale administrative de la Côte d'Ivoire.

Malgré les déclarations du gouvernement ivoirien, qui annonce une offensive imminente, les mutins semblent être mieux préparés que les Forces armées nationales de Côte d'Ivoire (Fanci) pour passer à l'action. Les soldats révoltés rencontrés à Bouaké affirment être déterminés à s'emparer d'Abidjan et à renverser le gouvernement. Ils disposent de beaucoup d'armes, introduites clandestinement en Côte d'Ivoire avant le putsch, sans doute dissimulées dans des camions venus du Burkina Faso, mais aussi saisies dans les nombreuses casernes de Bouaké, grosse ville de garnison tombée entre leurs mains le jeudi 19 septembre. Ils sont aussi disciplinés, évitant depuis dix jours dans les villes dont ils se sont emparés la plupart des pillages qui accompagnent habituellement la moindre vacance de l'autorité en Afrique

Sans que l'on connaisse leurs intentions politiques, ni leurs chefs ou commanditaires, ils semblent, en outre, bien encadrés par d'anciens sous-officiers de l'armée ivoirienne passés au cours des dernières années à la clandestinité ou bien ralliés à la mutinerie. Equipés de pick-up Toyota réquisitionnés, leurs provisions de carburant faites dans toutes les provinces du Nord, les mutins sont prêts depuis une semaine à se diriger vers le Sud.

Les accrochages entre les Fanci et les mutins qui ont eu lieu, lundi dernier, dans les faubourgs ouest de Bouaké, autour de l'Ecole nationale des sous-officiers (Ensoa), ont tourné à la déroute des forces loyalistes.

Seul le déploiement des troupes françaises au centre du pays a offert un répit au gouvernement de Laurent Gbagbo. Son ministre de la Défense, Moïse Lida Kouassi, a eu beau expliquer vendredi devant les députés ivoiriens que seules les opérations françaises d'évacuation de Bouaké retardaient la reprise de la ville, aucune activité militaire n'était observable de la part des Fanci. Seuls les contrôles des véhicules ont été renforcés sur la route de Yamoussoukro, notamment à l'entrée d'Abidjan. Mais ces barrages formés de tables renversées ne constituent pas des obstacles sérieux sur une route goudronnée qui permet de parcourir en moins de trois heures les 250 kilomètres qui séparent les deux villes.

Dans le cas d'un retrait de l'armée française à la fin des opérations d'évacuation, dont la fin est prévue aujourd'hui, une avance rapide de la mutinerie sur Abidjan est probable.

Mais la présence dans la capitale économique de la Côte d'Ivoire d'une communauté de près de vingt mille Français, sans compter les ressortissants d'autres nationalités, reste la préoccupation majeure des autorités françaises, et pourrait conduire la France à maintenir son dispositif. Même si le soutien militaire réclamé par le gouvernement ivoirien à la France lui a été diplomatiquement refusé, des renforts français ont été dépêchés hier vers la base de Port-Bouët, dans la partie sud de la ville. « La France se retrouve dans une situation délicate », estimait ce week-end à Abidjan un diplomate occidental.

« Paris n'a que des mauvais choix possibles : soutenir à bout de bras un gouvernement vacillant dans une guerre civile qui n'offre guère d'issues, ou prendre le risque de devoir évacuer dans quelques semaines plusieurs dizaines de milliers de ressortissants », dit-il, pessimiste.

Abidjan : de notre envoyé spécial Adrien Jaulmes

© Copyright Le Figaro



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