Résolution du Parlement européen sur le Togo
Source PARLEMENT
EUROPEEN - 13/05/2005 Résolution du Parlement européen sur le Togo
12
mai 2005
Le Parlement européen
- vu la Charte africaine des droits
de l'homme et des peuples
- vu sa résolution du 24 février 2005 sur le
Togo
- vu les déclarations de la Commission et de la Présidence du
Conseil
A. considérant les graves violences qui ont entaché les
élections présidentielles du 24 avril 2005;
B. considérant que ces
violences ont opposé les militants de l'opposition d'une part et les forces
de sécurité et les bandes armées soutenant le candidat du RPT d'autre part et
auraient fait plusieurs dizaines de morts et plusieurs centaines de
blessés;
C. considérant l'arrête de la Cour constitutionnelle qui
attribue la victoire au candidat du RPT, Faure Gnassinbgé avec 60,15 % des
voix contre 38,25 % à son opposant Emmanuel Bob Akitani;
D.
considérant que la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)
a estimé que "les anomalies et insuffisances ainsi que les incidents
évoqués ne sont pas de nature à remettre en cause la bonne tenue et la
crédibilité du scrutin présidentiel du 24 avril 2005";
E. considérant
que la coalition des partis d'opposition conteste le résultat des élections
et demande l'invalidation du scrutin en dénonçant les importantes
irrégularités qui ont entaché les opérations de vote;
F. considérant
que la coalition des partis d'opposition a adressé une plainte en ce sens à
la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI);
G. considérant
que selon les organisations nationales et internationales indépendantes de
défense des droits de l'homme, le déroulement du scrutin a été entaché par
des fraudes massives en violation du droit à des élections libres
et pluralistes consacré par le Pacte international relatif aux droits
civils et politiques, de nature à remettre en cause la validité du
processus électoral;
H. considérant les tentatives de musellement
systématique à l’encontre des médias indépendants y compris les médias
internationaux, notamment les actes d’intimidation et de harcèlement et
la fermeture arbitraire de plusieurs médias privés;
I. considérant la
rupture sélective des communications et le saccage du centre informatique de
contrôle du candidat de l'opposition le jour du scrutin;
J.
considérant que contrairement à l'accord signé sous l'égide de la CEDEAO, les
représentants de l'opposition n'ont pas été autorisés à prendre part aux
travaux de la Commission électorale indépendante;
K. considérant la
mise à l'écart à la veille du scrutin du ministre de l'Intérieur François
Esso Boko qui avait parlé de "scrutin suicidaire";
1. condamne fermement
la répression violente par les forces de l'ordre contre les personnes
contestant la régularité du scrutin, ainsi que les exactions commises contre
les étrangers ressortissants des Etats de la CEDEAO;
2. s'inquiète
des actes de représailles par les forces de l'ordre et les bandes armées sur
la population et les militants de l'opposition; exhorte les forces de l'ordre
et l'armée à s'abstenir de toute exaction contre la population civile et à
mettre fin aux agissements des bandes armées;
3. demande la mise en
place d'une commission d'enquête indépendante pour faire la lumière sur les
exactions commises et établir les responsabilités aux fins de poursuivre et
juger leurs auteurs conformément au droit à un procès équitable;
4.
considère que les conditions dans lesquelles s'est déroulée l'élection du 24
avril ne respectent pas les principes de transparence, de pluralisme et de
libre détermination du peuple garantis par les instruments régionaux et
internationaux en la matière, et ne permet pas de reconnaître la légitimité
des autorités issues de ce scrutin;
5. souligne que ces élections ne
répondent pas aux engagements préalables à la reprise de la coopération entre
le Togo et l'Union européenne;
6. encourage l'action de médiation de
l'Union africaine à favoriser le retour au calme et au dialogue entre toutes
les forces politiques togolaises;
7. appelle la Commission européenne,
le Conseil, et l'ensemble des institutions régionales et internationales à
oeuvrer en faveur du retour à la sécurité et au dialogue afin de
permettre aux dirigeants de toutes les forces politiques et
des institutions civiles et militaire de s'engager sur la voie de
la réconciliation nationale et d'un véritable processus de transition,
dans le respect de l'_expression_ démocratique de tous les togolais; demande
l'organisation de nouvelles élections libres, transparentes et démocratiques,
sous contrôle international, et après une révision consensuelle du
code électoral;
8. réitère sa demande que le droit de manifester
pacifiquement et de mener des campagnes politiques soit garanti, et que les
auteurs des assassinats et d'autres violations des droits de l'homme
perpétrés contre les manifestants soient jugés et punis;
9. considère que
les autorités togolaises doivent assumer la pleine responsabilité de toute
agression qui serait perpétrée contre l'intégrité physique des civils et en
particulier des représentants des partis politiques d'opposition, des
défenseurs des droits de l'homme et des journalistes;
10. charge son
Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission,
aux Secrétaire généraux des nations Unies, de l'Union africaine et de la
CEDEAO, aux coprésidents de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE,
ainsi qu'au Président, au gouvernement et à l'Assemblée nationale du
Togo.
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