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Un avis sur la Côte d'Ivoire

To: <afrique@dns2.univ-lyon1.fr>
Subject: Un avis sur la Côte d'Ivoire
From: Daniel Salzmann <danisal@vtx.ch>
Date: Mon, 02 Aug 2004 08:59:39 +0200
Delivered-to: afrique@dns2.univ-lyon1.fr
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Je transmets ce texte que j'ai reçu ce matin.

Daniel, le blanc de Fawe



Demain, la paix reviendra?

Le Nouveau Réveil - 7/28/2004 1:10:34 AM

Oui demain, nous aurons chacun, en famille, au village, en ville, avec nos
collègues de bureau, nos amis, une fois de plus, les regards, les c¦urs
tournés vers la capitale du Ghana, ce pays frère, vers ACCRA.

Nous rêvons tous et toutes déjà. Demain nous espérons du fond de nos c¦urs
que la flamme de la paix se rallumera pour notre beau pays, la Côte
d'Ivoire. Le président de la République, et les représentants de la
diversité politique de notre pays ainsi que ceux de nos frères qui ont pris
les armes un moment donné pour exprimer leur mécontentement, vont à nouveau
se retrouver. Les fondements d'une relation de confiance qui permette
véritablement à notre pays de sortir de l'impasse socio- politique dans
laquelle nous nous sommes engagés depuis presque 10 ans vont probablement
être posés, à tout le moins, nous l'espérons, et nous le souhaitons.

Les présidents des pays africains frères qui souffrent avec nous de la
dégradation de nos acquis économiques et sociaux vont encore être là, à nos
côtés.

La communauté internationale sera représentée par l'ONU avec à sa tête, un
fils de l'Afrique, le Ghanéen KOFI ANNAN.

Tous, comme nous tous, espèrent la paix pour notre pays la Côte d'Ivoire.

Mais pourquoi donc, nos c¦urs battent-ils si fort et que nos voix sont-elles
si tremblantes ?

Nos sentiments sont mêlés d'espérance et de crainte. La crainte que nos
espoirs ne s'évanouissent à nouveau dans les ambitions démesurées de nos
représentants; nous avons peur d'être à nouveau pris au piège des
engagements qui se prennent à grands coups médiatiques et que personne ne
tient?.

A ACCRA, en décembre 2002 les premières tentatives de négociations de paix
avaient échoué,

A LINAS MARCOUSIS, en janvier 2003 les bases de la paix ont été posées. Nos
frères de tous les partis politiques ainsi que de la rébellion armée ont
chanté l'Abidjanaise à l'unisson dans les pleurs de l'espérance retrouvée
devant la communauté internationale.

A KLEBER, la nomination du Premier ministre et la formation d'un nouveau
gouvernement de réconciliation nationale suscitent l'espoir de l'arrêt de la
guerre inutile.

A ACCRA, en févier 2003, à nouveau le premier gouvernement est " retouché "
pour faciliter son acceptation par l'ensemble de nos populations.

A ABIDJAN, en juillet 2003 nos forces armées nationales et la rébellion
armée signent l'arrêt des hostilités militaires.

Depuis, la paix n'a cessé d'être menacée tous les jours par nos propos
haineux, par les violations des droits de l'homme dans les zones occupées et
dans la zone libre. Depuis, la paix a continué de vaciller par des attaques
répétées et le franchissement de la zone de confiance. Depuis, la paix est
bridée par le calcul politicien, par le manque d'une vraie volonté politique
de créer définitivement les conditions d'un retour à la paix. Depuis, la
paix est confisquée par des propos haineux, chaque jour exprimés de la
bouche de nos dirigeants de tout bord. Depuis, notre gouvernement de
réconciliation n'a pas réellement ¦uvré pour la réconciliation ; il est
morcelé, hétéroclite, manquant visiblement de cohésion.

Les suspensions ou renvois répétés de ministres au sein du gouvernement, les
marches de partis politiques interdites et " matées " de manière sanglante,
la cacophonie au sein de certaines organisations stratégiques de l'Etat
(Télévision, port autonome d'Abidjan), les obstacles aux votes, par
l'assemblée nationale des lois proposées dans les accords de
Linas-Marcoussis, ne sont tous que le reflet de la défiance qui s'est
installée au sein de notre système politique.

Le manque de confiance réciproque entre les fils et les filles, dirigeants
politiques de notre pays, bloque le retour à la paix.

C'est ici l'occasion pour nous, d'adresser nos remerciements à toute la
communauté internationale, à tous les pays amis de la Côte d'Ivoire dont la
France, à toutes les forces impartiales de paix, pour l'expression de leur
solidarité face aux souffrances de nos populations et pour les actions
concrètes posées en faveur de la sécurisation de toutes les personnes et des
biens sur le territoire national. Mais la solution de paix, malgré l'appui
et les efforts permanents de nos amis, viendra de nous-mêmes, de notre
capacité à observer notre situation avec courage, réalisme et honnêteté,
face aux défis à relever pour notre nation. Combien d'hommes et de femmes,
de jeunes et d'enfants, capital humain de notre pays, voulons-nous encore
arracher à la vie sous prétexte d'une lutte pour la démocratie ? Combien de
biens matériels, de plantations de cacao, résultats de plusieurs années de
labeur d'hommes et femmes, voulons-nous encore brader à des acheteurs sans
scrupules ? Combien de souffrances sommes-nous encore prêts à faire subir à
nos populations pour préserver nos prérogatives partisanes ? Combien de
temps nous faudrait-il encore pour comprendre que pendant toutes ces années
nous avons semé volontairement ou par ignorance la graine de la division et
de l'exclusion ? Combien nous faudra-t-il compter encore de morts inutiles
pour comprendre que notre pays terre de rencontre de plusieurs peuples doit
trouver une véritable solution d'intégration, concertée et expliquée, des
fils et des filles de tous ceux et toutes celles qui ont apporté durant des
décennies, une contribution positive au développement de notre pays ?
Combien de jeunes gens voulons-nous encore sacrifier ? Combien
d'entreprises, d'organisations internationales voulons-nous encore voir
quitter notre pays ? Combien de visiteurs étrangers voulons nous encore
sacrifier sur le poteau de la haine alors que nous avons besoin de leur
apport pour accélérer notre progrès ? Combien de travailleurs voulons-nous
encore laisser sans emploi ? Combien de foyers déjà affaiblis par cette
"sale guerre" voulons-nous encore affamer ? Combien de femmes, d'enfants
voulons-nous laisser sans soins, sans école, sans éducation et voir mourir
dans la misère ? Combien de voyages diplomatiques, de réunions voulons-nous
encore organiser par-ci et par-là, avec au centre des discussions, l'image
assombrie de notre pays ?

Combien, combien encore ?

A ACCRA, " asseyons-nous et discutons " comme le prônait naguère Monsieur
Laurent GBAGBO, aujourd'hui Président de la République. A ACCRA, "
construisons les prémices de la démocratie apaisée " comme le proposait
naguère le Président Henri KONAN BEDIE, aujourd'hui Chef de Parti. A ACCRA
en fait, remettons le dialogue, fondement même de notre nation au c¦ur de
nos débats ; le Président HOUPHOUET BOIGNY notre illustre Président,
fondateur de la Nation ivoirienne, a globalement réussi sa mission de paix,
à la tête de notre pays, par le dialogue. Du dialogue, il a été l'apôtre
auprès des nations s¦urs en crise en son temps. A ACCRA, asseyons-nous donc
et discutons en utilisant le bon ton dans le respect du droit à la
différence, dans le cadre d'une démocratie apaisée pour bâtir une Côte
d'Ivoire pour tous dans la paix. Faisons le, dans le respect mutuel, sans
faux fuyant, dans la complémentarité de nos différences, dans le seul
objectif d'obtenir la paix pour aujourd'hui et pour demain. Oui, nous le
pouvons, le regard fixé sur les meurtrissures de notre peuple et les
merveilleuses promesses d'avenir pour nous mêmes, nos enfants et les
générations à venir. C'est à cela que le monde entier reconnaîtra notre
pays, la Côte d'Ivoire terre d'espérance, pays de l'hospitalité. Alors
l'espérance de paix prendra de nouveau le dessus sur les craintes de nos
c¦urs qui frémissent à nouveau?

Demain, devant toutes les nations en terre africaine, à Accra les enfants de
la Côte d'Ivoire se souviendront de la mère patrie qui les appelle. Demain,
le Président de la République, nos frères, nos s¦urs se souviendront de
notre bonheur altéré et des déchirures profondes qui nous rongent. Demain,
ils penseront à nous tous, aux vraies solutions pour panser nos plaies.
Demain, ils retrouveront le dialogue vrai, dans la vérité réciproque pour
une solution de paix véritable et durable. Demain, ils reviendront en
fredonnant un vrai chant d'allégresse. Demain, l'orage cessera et
l'hirondelle reviendra. Demain à ACCRA, la paix reviendra pour une Côte
d'Ivoire unie et prospère.



GROUPE DE REFLEXION

"CONFIANCE, PAIX ET DEVELOPPEMENT"

(Groupe de la Société Civile, composé d'ivoiriens de l'intérieur et de la
diaspora (Europe, Etats-Unis, Afrique))

01 B.P. 7363 ABIDJAN 01

dpaixd@yahoo.fr


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