Origine d'un des financements des
« mutins »
Les objectifs de déstabilisation poursuivis par
les
financiers des mutins
Une information
transmise le jeudi 24 octobre 2002 en
soirée, fait état qu'une société
britannique de
négoce, récemment implantée au Ghana et en
Côte
d'Ivoire : ARMAJARO, a remis, ces dernières semaines,
une somme
importante à un groupe de personnes dans le
but d'entreprendre une
déstabilisation de la Côte
d'Ivoire.
La somme serait au minimum de
cinquante millions de
dollars américains, soit environ une trentaine
de
milliards de francs CFA.
Cette information, qui a été validée
auprès de traders
de cacao, des banquiers internationaux, des
financiers
et des sources politiques proches des milieux
d'affaires
américains radicaux, donne une explication
plausible, très vraisemblable et
hautement probable,
sur l'origine de la principale source de
financement
des mutins.
Cette information met en évidence les
objectifs réels
poursuivis par les auteurs de ce financement
des
mutins ; elle permet d'expliquer en partie, de
comprendre et de
relier toute une série d'évènements
qui ont marqué depuis plusieurs mois la
vie économique
de la Côte d'Ivoire et notamment dans le secteur clé
du
cacao.
Amajaro et AIG Fund : les financiers de
la
déstabilisation
Armajaro : cette société de négoce, dont les
bureaux
sont à Londres, mais dont le siège social est basé
dans un paradis
fiscal – les îles Vierges britanniques
– est dirigée par Anthony Ward. L'an
passé, ce
négociant britannique a été l'un des principaux
fournisseurs de
cacao du groupe agroalimentaire
américain ADM, une société présente en Côte
d'Ivoire
dont les intérêts sont très étroitement liés à ceux de
Sifca,
Sifca Coop et d'Anaproci Sa.
Armajaro dispose d'un agrément
d'exportateur de cacao
en Côte d'Ivoire depuis peu de temps.
La
filiale ivoirienne d'Amajaro est associée avec
Daniel Usher qui est un proche
de Georges Ouegnin,
lui-même ayant été l'interface entre Anthony Ward
et
Houphouët-Boigny lors de la guerre du cacao en
1988-1991.
Daniel Usher est également très proche d'Ali Anjani,
un trader de
sucre, proche de Victor Nembelissini qui
assurait, à l'époque où il
travaillait à Equator Bank
ses financements. Daniel Usher et Victor
Nembelissini
sont très proches d'Alassane Ouattara et d'Yves
Lamblin, même
si les relations entre les deux hommes
sont marquées par un violent
antagonisme.
Au Ghana, Armajaro est dirigé par Steven White,
un
financier britannique expert de la gestion des fonds
d'investissement
spécialistes des matières premières
sur les marchés à terme ainsi que des
montages
financiers mettant en jeu des sociétés financières
off-shore.
L'essentiel des financements destinés aux mutins
auraient transité
par la branche ghanéenne d'Amajaro.
Plusieurs transferts de fonds en
provenance de
Londres, de l'ordre de 1,250 million de dollars
(820
millions de francs CFA) à chaque fois, ont été
identifiés par les
Services spécialisés, ces dernières
semaines. Certains de ces transferts en
liquide ont
été opérés et convoyés entre Londres et Accra par
Monsieur
Maignan, un homme d'affaires français qui,
dans un passé récent, était
l'homme de confiance pour
les opérations financières de plusieurs dirigeants
du
PDCI.
Armajaro a été fondée par les anciens de Phibro
(Philip
Brothers), il y a cinq ans. Armajaro, durant ces quatre
dernières
années, a été impliquée à plusieurs reprises
dans des « étranglements de
marché » sur le marché à
terme de Londres en association avec plusieurs
fonds
de pensions (AIG Fund, Tiger Fund du financier
américain Georges
Soros un proche de Victor
Nembelissini et d'Alassane Ouattara, African
Managment
Fund, un fond d'investissement diversifié opéré en
partie par la
banque sud-africaine Absa, dirigé par
Paul Martin, un ami de Frank Kennedy
d'Equator Bank et
de Victor Nembelissini). Anthony Ward est le
conseiller
cacao de Mama Ndyaye d'AIG Fund.
Les fondateurs d'Armajaro ne sont pas
des inconnus en
Côte d'Ivoire.
Ils ont été des acteurs majeurs de la
guerre du cacao
en 1990.
A cette époque, pour limiter la sortie de
cacao de
Côte d'Ivoire, Anthony Ward et Derek Chambers
n'avaient pas
hésité à financer des troubles en pays
Krou.
Anthony Ward ainsi que
Derek Chambers disposent d'un
réseau important de relations dans le monde
politique
ivoirien, notamment au PDCI, ainsi que des attaches
avec
plusieurs responsables du RDR. Ces liens étroits
se sont noués lors de la
guerre du cacao et se sont
renforcés avec le règlement du dossier cacao
qui
opposait la Côte d'Ivoire à Phibro au début des
années
quatre-vingt-dix. Les deux hommes entretiennent
d'étroites
relations avec Georges Ouegnin, qui a été
leur go-between avec les autorités
politiques
ivoiriennes de l'époque, et avec Daniel Usher, qu'ils
ont
financés (SICC) et avec lequel Anthony Ward s'est
associé en début d'année
pour installer Amajaro en
Côte d'Ivoire.
Quelques années auparavant,
ces mêmes traders, dans la
même structure (Phibro) avaient activement
participé
au montage du volet financier du coup d'état contre
Salvador
Allende au Chili.
Cette participation, couplée aux positions de
Phibro
sur les marchés à terme du cuivre de Londres (LME) et
de New York
(Comex), avait permis à ces traders
d'engranger une plus-value estimée à 14
milliards de
dollars américains.
Avant d'être trader chez Phibro,
Anthony Ward a
appartenu au MI 5, le service secret britannique.
Certains des ex-traders métaux de Phibro ont été, à
une époque
récente, lourdement impliqués dans des
opérations de déstabilisation dans
l'ex-Zaïre,
notamment pour le contrôle de la production de
coltran, un
alliage métallique stratégique. Cette
participation a été mise en évidence
dans un rapport
des Nations-Unies sur le pillage des richesses
minières du
Congo démocratique. Une partie des
financements pour ces opérations a
transité par les
banques sud-africaines Absa et Equator.
Plus
récemment des membres de cette équipe de traders,
dont certains ont rejoint
le broker américain Refco,
en association avec AIG Fund, ont participé à
deux
tentatives de déstabilisation du Président Hugo Chavez
du Venezuela.
Le motif étant, cette fois, le pétrole.
AIG Fund: Ce fond
d'investissement de droit américain
basé à New York, spécialiste des
placements sur les
marchés à terme de matières premières, est une
filiale
du premier assureur américain, AIG. Sa branche
« fond
d'investissement » sur les marchés de matières
premières
est dirigée par le sénégalais Mama Ndyaye.
Cet homme est très lié aux
familles Diouf,
(actionnaire indirect du groupe de négoce américain
ADM,
premier utilisateur mondial de cacao) et Wade,
ainsi qu'à plusieurs
personnalités ivoiriennes dont
l'actuel directeur de la CAA, Victor
Nembelissini, un
proche d'Alassane Ouattara. C'est également un
proche
d'Yves Lamblin, le président du groupe Sifca, un
groupe
agro-alimentaire ivoirien très endetté (130
milliards de francs CFA, après
intégration de la
totalité des dettes des filiales), proche de
la
cessation de paiement.
Mama Ndyaye est également un proche du
banquier
français Jean-Luc Lecorre, directeur d'African
Merchant Bank,
principal créancier de Sifca, et membre
actif du Club Jean Jaurès.
Ces trois dernières années, AIG Fund a participé en
association avec
Armajaro, à plusieurs opérations de
déstabilisation sur les marchés à terme
du cacao de
New York et de Londres.
A la veille des attentats du Word
Trade Center en
septembre 2001, AIG Fund contrôlait plus de 150.000
tonnes
de cacao en filière sur les marchés à terme. Ce
cacao a été transféré à
Armajaro entre novembre et
décembre 2001.
L'attentat du World Trade
Center ainsi que la chute du
marché des actions depuis près d'un an ont
entraîné de
très lourdes pertes pour AIG Fund qui cherche depuis
à
rattraper ces moins-values par une participation
intense sur les marchés
à terme du cacao.
Le mécanisme de financement des mutins:
Selon
une source américaine, confirmée par des
informations concordantes en
provenance des mondes du
négoce, de la finance et de sources internes
aux
milieux radicaux américains, Armajaro a fait parvenir
aux différents
acteurs de la mutinerie une somme de
l'ordre de 50 millions de dollars
américains, soit 35
milliards de francs CFA. Ce montant est corroboré
par
des informations qui sont remontées au Renseignement
militaire
ivoirien, ainsi qu'aux services maliens.
Amajaro et ses associés dans
l'opération disposent des
moyens financiers et des motifs suffisants pour
lancer
une opération de déstabilisation majeure dont la
principale victime
est l'Etat de Côte d'Ivoire.
Le mécanisme s'est peu à peu mis en place,
et ce, à
partir de la fin novembre 2001.
Une mécanique infernale
A l'origine de l'opération, il s'agit essentiellement
d'une opération
financière à très haute rentabilité,
dont l'objectif final n'était pas une
déstabilisation
de la Côte d'Ivoire, mais l'obtention d'un
gain
considérable sur les marchés à terme du cacao et sur
la revente des
stocks de cacao physique entreposés
dans les ports européens.
La
nécessité d'une déstabilisation de la Côte d'Ivoire
s'est imposée, à partir
de juillet, lorsqu'il est
apparu évident aux initiateurs de l'opération
cacao,
Armajaro et AIG Fund, que la gestion de leurs positions
sur les
marchés à terme du cacao, à partir de la fin
juin, nécessitait un passage à
une dimension
supérieure pour sauvegarder un gain potentiel
s'inscrivant
dans une fourchette de 500 à 800 millions
de dollars américains, soit 280 à
450 milliards de
francs CFA.
La nécessité d'une déstabilisation s'est
avérée
indispensable après que l'enterrement de la réforme
cacao en Côte
d'Ivoire soit devenu un fait acquis
alors que la botanique et les prévisions
de récolte
sur la campagne principale 2002/2003 ont déjoué en
partie les
résultats escomptés par l'échec de la
réforme de la filière cacao en Côte
d'Ivoire.
En juillet les anticipations laissaient présager une
bonne
récolte principale 2002/2003 (980.000 à 1
million tonnes). Cette prévision
s'appuyait sur un
usage en forte hausse des engrais et des
produits
phytosanitaires dans les plantations de cacao par les
planteurs
lié à une amélioration sensible du revenu
paysan.
La chronologie
L'opération Amajaro débute en novembre dernier avec le
transfert à
Armajaro de la quasi-totalité de la
position cacao d'AIG Fund.
Le
reliquat est transféré à ADM Etats-Unis.
A partir de ce moment, Armajaro
achète sur le marché à
terme près de 650.000 tonnes de cacao-papier
et
constitue un stock de 210.000 tonnes, soit 5% de
l'offre mondiale de
cacao.
Acheté entre 750 et 900 livres la tonne, cette
position cacao
est valorisée à plus de 1.400 livres la
tonne, soit un gain de … 85% à la fin
juin 2002.
L'envol des cours sur le marché à terme a poussé
les
utilisateurs de cacao, les broyeurs, à réduire
considérablement leur
taux de couverture (stock).
Ils abordent la pleine saison
(octobre-décembre 2002)
avec des stocks à minima.
Pour obtenir une
valorisation maximum des stocks, qui
ont été bloqués par Armajaro jusqu'à la
fin novembre
afin de réduire les coûts de stockage, il faut que le
cacao
ivoirien de la nouvelle récolte arrive le plus
tard possible sur le marché
international.
Ce retard doit permettre à Amajaro de réaliser
une
plus-value de 500 à 800 millions de dollars
américains.
Les
obstacles à lever
Pour parvenir à cette fin, Amajaro et AIG Fund
ont
opéré en plusieurs étapes.
Dès novembre dernier, puis en
décembre, Anthony Ward
estime que la réforme cacao en Côte d'Ivoire est
un
obstacle majeur à son opération sur le marché à terme.
Il
s'agit de faire capoter la réforme. Pour arriver à
cette fin, trois axes
d'intervention seront retenus :
Un axe institutionnel via un intense
lobbying auprès
de la Banque Mondiale et surtout auprès du FMI, qui
en
théorie n'a pas de compétence en matière agricole et
d'organisation de
filière ;
Un axe « politique » avec des interventions soutenues
par
divers relais auprès du ministre des Finances
ivoirien Bouhoun Bouabre et ses
collaborateurs, via
Victor Nembelissini. Deux axes
secondaires
d'intervention sont également retenus pour « casser
la
réforme » avec pour relais Patrick Achi, ex-délégué
général au
cacao sous le régime Guei et Emile
Bogadoudou dont la fonction implicite est
de
convaincre l'épouse du Président, Simone Gbagbo, que
la réforme de la
filière cacao telle qu'elle est
organisée va à l'encontre des intérêts des
notables
FPI dans sa zone d'influence (partie du pays Akan) .
Un
relais secondaire passe également par l'ex-Premier
ministre du général Guei,
Seydou Diarra. Ce dernier va
intervenir via ses « petits », Patrick
Achi et Edouard
Messou;
Un axe local par le biais de relais locaux dans la
filière
ivoirienne du cacao tel que l'Anaproci d'Henri
Amouzou, Sifca d'Yves Lamblin,
l'UNOC de Jacques
Mangoua et des banquiers du cacao, tel que
Jean-Luc
Lecorre d' AMB-BIAO. Cette action s'appuie également
sur des
personnes disposant d'un accès direct au
couple présidentiel tel que
Guy-Alain Gauze,
ex-ministre PDCI des Matières premières, ou Illa
Donwahi,
P-D-G de Delbau, franc-tireur de la filière
cacao.
Une réunion est organisée à Paris entre des
représentants de Refco
Etats-Unis (Chicago, New York),
d'Amajaro et de André Souhma d'ACE.
A
ces deux réunions participent pour le ministère
ivoirien de l'Economie et des
Finances, Oussou
Kouassi, tandis que Bouhoun Bouabre, reçoit la visite
de
l'équipe de Refco à son hôtel, le Marriott de
Neuilly.
Le principe de
l'arrêt de la réforme de la filière
cacao, donc des ventes à terme, est
arrêté dès ce
moment. Cette décision est prise unilatéralement par
le
ministre des Finances sans en référer ni au
Président, ni au Premier
ministre.
Cette décision est habillée pour la partie ivoirienne
par
le transformation de la CAA en une banque de
développement destinée à
financer les coopératives de
producteurs et à fournir à ces derniers une
assurance
garantie prix bord champs.
L'éviction, en février, du
ministre de l'Agriculture
de l'époque, Alphonse Douati, puis son
remplacement
par un proche de l'Anaproci, rend possible
l'avancement du
plan initié par Amajaro et AIG Fund :
une désorganisation de la filière
cacao.
Systématiquement, les propositions en provenance de la
Primature
sont combattues. La mise en place des
institutions nécessaires à la mise en
place de la
réforme sont différées et lorsqu'elles parviennent à
être
installées, leur contenu est dénaturés à
l'exemple du FRC.
Parallèlement, Victor Nembelissini, qui, jusqu'en
septembre 2001,
alors qu'il se trouvait aux
Etats-Unis, était l'un des plus virulent critique
de
la politique économique ivoirienne totalement en phase
avec les
attaques d'Alassane Ouattara où il
vilipendait la gestion FPI, arrive à la
tête de la
CAA. Il découvre tout l'intérêt que sa structure, la
CAA, peut
tirer de la mise à mal de la réforme de la
filière cacao et d'une
participation active à
l'opération lancée par Armajaro. Il prend langue
dès
lors avec Paul Martin d'Absa et propose des
financements, de fait à
fonds perdus, à Sifca Coop et
à ses satellites.
En proposant un
système de garantie de prix articulé
sur le marché des options cacao et en
prenant des
positions identiques à celles prises par Anthony Ward
via
Refco Etats-Unis, la CAA est en mesure de se
renflouer en partie en
s'appuyant sur le réseau Sifca
Coop d'Henri Amouzou et sur le couple
Sifca-ADM d'Yves
Lamblin ainsi que Mimran/Diouf, actionnaires d'ADM.
Pour
réaliser cet objectif, il est nécessaire que le
prix du cacao en Côte
d'ivoire soit libre et qu'une
réforme reposant sur des ventes à terme
qui
garantissent la transparence des prix soit abandonnée.
Pour obtenir un
appui des planteurs pour cette option,
Victor Nembelissini n'hésite pas à
leur faire miroiter
un quasi-monopôle dans la commercialisation
intérieure
du cacao. L'Anaproci, le FDPCC, Henri Amouzou et San
San Kouao
mondent à l'hameçon, sans forcement en
deviner les enjeux réels.
Des
éléments concordants laissent à penser que la CAA,
via des fonds off-shore
contrôlés par la banque
sud-africaine Absa, a pris des positions sur le
marché
des options cacao.
Ces achats d'options sur des niveaux
définis par Refco
et AIG Fund donnaient la certitude à la CAA de
n'avoir
rien à rembourser aux planteurs en raison d'un prix
garanti bord
champs relativement bas (650 francs cfa
du kilo).
En revanche, la CAA
était assurée de conserver à son
profit la totalité des gains occasionnés par
ses
positions sur le marché des options cacao.
Cette construction
donne lieu à de multiples
rencontres à New York entre Bouhoun Bouabre,
Zohore,
Victor Nembelissini, Refco Chicago, ACE d'André
Souhma. Cette
construction est renforcée par le choix
« d'experts » complaisants
de la Banque mondiale,
violement opposés au principe d'une
commercialisation
intérieure et extérieure ordonnée du cacao par la
Côte
d'Ivoire.
Parallèlement, Anthony Ward et une partie du
staff
dirigeant d'Amajaro multiplient les rencontres avec
Henri Amouzou du
FDPCC, Anaproci et Sifca Coop pour
finaliser un circuit privilégié
d'approvisionnement et
les convaincre que la réforme de la filière cacao
doit
s'arrêter.
Le passage à la déstabilisation de l'Etat
Logiquement, l'opération financière Amarajo aurait du
s'arrêter à ce
niveau. Mais la botanique est venue
déjouer en partie ce plan.
Dès la
fin juin 2002, il est apparu évident que la
récolte principale ivoirienne
serait au moins égale à
la précédente, si ce n'est supérieur en raison
d'une
forte augmentation de l'usage des engrais entraîné par
la hausse des
cours du cacao.
Dans ce contexte, le portage par Armajaro et AIG
Fund
sur les marchés à terme d'une position de 650.000
tonnes devenait
aléatoire et les espoirs d'un gain
mirifique (500 à 800 millions de
dollars)
s'éloignaient si le cacao ivoirien sortait en temps et
heure à
partir d'octobre.
Dès la mi-juillet, Armajaro, en interne, évoquait
la
possibilité de dégager une somme de l'ordre de 50 à 80
millions de
dollars pour « tenir le marché ».
Dès cette époque, plusieurs
traders, et encore
récemment Sucden, estimaient plus que
probable
qu'Armajaro pour « sauver » 500 millions de
dollars
« n'hésiterait pas à entreprendre un coup ».
La
révolte des « mutins »
Les réseaux d'Anthony Ward et de Mama
Ndyaye ont été
mis en action afin d'identifier un terreau fertile à
une
forte perturbation des sorties de cacao de Côte
d'Ivoire (comme déjà
expérimenté avec le peuple Krou
dans les années 90).
L'existence de
déserteurs de l'armée ivoirienne au
Burkina Faso, au Ghana et au Mali,
doublée d'un
mécontentement latent des populations du nord de la
Côte
d'Ivoire à l'encontre du pouvoir central, a servi
de cadre à l'opération.
Dès lors, un habillage politique (RDR) et revendicatif
(MPCI) a pu
être utilisé pour masquer les buts
purement financiers poursuivis par
Armajaro, AIG Fund
et la CAA.
Il est d'ailleurs à noter que dès la
première semaine,
les mutins ont abandonné de fait l'objectif
d'une
descente vers Abidjan pour se redéployer vers les
zones de la boucle
cacao et entraîner les
perturbations que l'on sait dans la collecte du
cacao
dans la boucle principale.
Ce redéploiement a eu pour effet de
pratiquement
assécher les sorties de fèves sur San Pedro (15.000
tonnes
semaine, soit trois fois moins que la normale
en pareille période).
Par voie de conséquence, les cours du cacao se
maintiennent au-delà
des 1.400 livres la tonne.
Surtout, les stocks de fèves aux mains
d'Armajaro sont
valorisés à leur maximum par les achats de broyeurs en
mal
de fèves pour la préparation des fêtes de Noël et
de fin d'année.
C'est ainsi qu'un investissement de 50 millions de
dollars génère une
plus value de l'ordre de 500 à 800
millions de dollars américains.
En
conclusion
Si le gain est considérable – de 500 à 800 millions
de
dollars -, l'investissement consentit par Amajaro et
AIG Fund est à la
hauteur des gains à réaliser.
Entre les coûts d'entrée sur le marché, le
stockage,
les appels de marges sur les marchés à terme et les
financements
divers, la mise initiale est de l'ordre
de 2 à 2,5 milliards de dollars, soit
1.300 milliards
de francs cfa.
L'ampleur de la mise impose à ces
promoteurs, une
obligation de résultats.
Peu importe qu'un Etat soit
durablement déstabilisé, -
il faut se souvenir que le Chili a mis cinq ans
pour
se remettre d'une crise d'une année -.
L'opération initiée par
Armajaro et AIG Fund est trop
avancée pour être arrêtée.
On comprend
mieux les très violentes attaques lancées
contre la réforme de la filière
cacao et contre les
personnalités qui la défendent.
On comprend
également les menaces répétées dont ont
fait l'objet les rares personnes
capables de décrypter
l'opération en cours.
Ce genre de manipulation,
contrairement à ce que l'on
pourrait penser, ne nécessite qu'un nombre très
réduit
de personnes partageant le secret.
Au plus une dizaine de
personnes chez Armajaro, AIG
Fund, Refco, disposent des éléments complets
du
puzzle.
Il est évident également qu'au niveau ivoirien,
Victor
Nembelissini a disposé de la quasi totalité des cartes
et des
enjeux. D'ailleurs, il avait prévu un départ
définitif pour les Etats-Unis à
la fin décembre de
cette année.
Pour le reste, des bribes
d'informations sur l'enjeu
réel ont dû être diffusées à un certain
nombre
d'acteurs ivoiriens, qui ont été « rémunérés » en
miettes
mais qui ne disposaient pas de la finalité
réelle de l'opération.
Ainsi, il est probable, sans toutefois en avoir la
certitude, que le
ministre des Finances, Bouhoun
Bouabre a été impliqué dans l'opération sur la
base de
son âpreté au gain, mais la technicité de l'opération
exclut qu'il
ait été mis dans la totalité du secret.
De même, son directeur de
cabinet est impliqué à la
marge.
Il est évident qu'Henri Amouzou a
plus été utilisé
dans cette opération, il en est de même pour
l'Anaproci
qui a eu un rôle d'élément déstabilisateur,
mais qui n'ont pas perçu la
totalité des enjeux en
cause.
En revanche, il est a peu près certain
qu'ADM, du
moins les actionnaires reliés à la famille Diouf et
Mimran,
ainsi qu'Yves Lamblin et son banquier African
Merchant Bank ( Jean-Luc
Lecorre) ont été « initiés »
à des degrés qui restent à définir.
Les acteurs « politiques » proches du PDCI ou du RDR
ne
paraissent pas être des acteurs directs de cette
déstabilisation de la Côte
d'Ivoire. Ils ont agit plus
par opportunisme en fonction des circonstances
que
comme des maîtres d'œuvre de l'opération. Les mutins,
du moins pour
les hommes impliqués dans les opérations
sur le terrain en Côte d'Ivoire,
paraissent ne pas
avoir disposer de la totalité des cartes et
semblent
plus avoir été manipulés qu'être des acteurs
concepteurs. Ils ont
profité d'une opportunité
importante de financement sans trop s'inquiéter
ou
s'interroger sur l'origine réelle des fonds dont ils
disposaient.
Néanmoins, les initiateurs de l'opération ont joué
indirectement sur
un terreau favorable et ont tout a
été fait pour les mettre en avant de telle
manière que
l'arbre masque la forêt. La subtilité de l'opération
montée
par Armajaro et AIG Fund est telle que les
acteurs et les appuis indirects
ont disposé dès le
début de l'opération en décembre d'une
marge
d'autonomie considérable. Elle a été d'autant plus
grande que leurs
actions sur le terrain ivoirien
entraient parfaitement en phase avec les
objectifs
financiers poursuivis par Armajaro et AIG Fund.
Il est
aussi évident que des gouvernements étrangers
et notamment une frange de
l'Administration américaine
a été mise au courant d'une partie de
l'opération.
Il suffit de savoir que lors des opérations
précédentes
de déstabilisation d'un Etat, AIG Fund a
demandé un blanc-seing et a
présenté, une partie de
ses objectifs, à l'Administration américaine.
Selon la même source, l'Ambassadeur de France en Côte
d'Ivoire a été
partiellement informé du volet
financier de cette opération en début de
semaine
passée.
Recommandations
Les règles de sécurité en
usage dans les maisons de
négoce, chez les brokers et dans les
banques
d'affaires laissent à penser que toutes les traces
écrites sur le
volet financier de l'opération soient
« sécurisées » ou en cours de
destruction.
Néanmoins, des demandes d'entraide judicaires
peuvent
être déposées auprès des Etats-Unis et de la
Grande-Bretagne afin
d'identifier des mouvements de
fonds et obtenir des éléments de preuve
(rencontres,
voyages, contrats, mouvements de fonds).
Sur le plan
ivoirien des mesures complexes et
difficiles à gérer s'imposent :
Mesures de sauvegarde et de conservation de preuves :
Il est
important que soient mis sous mesures
conservatoires les documents,
comptabilité, comptes
bancaires et documents administratifs des
institutions
suivantes : CAA, FDPCC, Sifca, Sifca Coop, ACE,
ADM,
Armajaro.
Des perquisitions doivent être menées chez les
personnes mises en
cause (Victor Nembellissini,
Bouhoun Bouabre, Zohore, Henri Amouzou, Daniel
Usher,
Georges Ouegnin, Amedée Effi, Yves Lamblin, André
Souhma, etc.
Ces mesures conservatoires devraient être prises dans
les plus brefs
délais pour tenter de faire échouer
l'opération financière en cours et
permettre à la Côte
d'Ivoire de disposer des éléments de preuves pour
se
retourner contre les initiateurs.
Mesures d'éloignement des centres de décisions des
personnes mises
en cause.
Il est plus que probable que les mutins à l'exception
de IB et Boka
Yapi qui auraient déjà touché
d'importantes sommes, (Soro ?) ignorent la
finalité de
leur combat et qu'ils aient été l'objet d'une
manipulation.
Le dévoilement de la finalité réelle de l'opération
pourrait
contribuer à les rendre plus réceptifs à un
dialogue constructif.
Source libres.org