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Les sanctions onusiennes, fausse victoire de Chirac

To: John Tra <jtra00@yahoo.com>, HorvaisO@aol.com
Subject: Les sanctions onusiennes, fausse victoire de Chirac
From: John Tra <jtra00@yahoo.com>
Date: Wed, 17 Nov 2004 10:25:42 -0800 (PST)
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Les sanctions onusiennes, fausse victoire de Chirac

Le Courrier d'Abidjan - 11/17/2004 12:14:26 AM

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Analyse ? Après un coup d?Etat manqué et des jeux
d?influence réussis, la France a réussi à «coller» un
embargo à l?Etat «ennemi» de Côte d?Ivoire. Elle a
gagné une bataille, mais elle n?a pas gagné la guerre.
Voici pourquoi.

Par Théophile Kouamouo

Le «Chi», président de la République française et
«ennemi public numéro un» de la Côte d?Ivoire
résistante, doit actuellement triompher dans un petit
coin de son palais de l?Elysée. Certes, il avait cru
qu?il aurait sa résolution parachevant son ?uvre de
destruction de l?aviation ivoirienne en 24 heures, et
elle a mis plus d?une semaine à tomber. Mais elle a
été votée à l?unanimité, et c?est bien là l?essentiel.
La France reste toujours la France, impératrice de
l?Afrique francophone.
Jacques Chirac a atteint son objectif : empêcher
Gbagbo de vaincre la rébellion qu?il couve comme une
mère-poule depuis plus de deux ans. C?est vrai que les
moyens aériens ivoiriens sont une obsession de la
France : l?on se souvient de la colère noire de son
ministre Dominique de Villepin, en janvier 2003, quand
il est venu à Abidjan réclamer que le président Gbagbo
cloue au sol ses hélicoptères de type MI-24. En
quelques jours, ils auraient tellement affaibli la
rébellion que la France n?aurait pas pu l?utiliser
pour imposer le schéma de Marcoussis, dont l?objectif
est l?arrivée aux affaires d?un «système plus
raisonnable», selon l?expression de Jacques Chirac
lui-même.
L?objectif immédiat est atteint, grâce à un groupe
informelle de six chefs d?Etat africains dont
l?imposture a consisté à dire qu?ils représentaient
une Union Africaine unie contre la Côte d?Ivoire :
Gbagbo ne gagnera pas maintenant sa guerre contre la
rébellion, excroissance criminelle de la
super-puissance (?) française. Il a pour cela fallu
que le président français engage une bataille folle et
incertaine, mente, menace, tue, tue, tue?
Tout commence le jeudi 4 novembre 2004. Fatigué des
atermoiements et des blocages du processus de
Marcoussis organisé par les rebelles avec la sournoise
bénédiction des réseaux «barbouzards» auxquels ils
sont liés à Paris, le président Gbagbo lance
l?offensive de reconquête du Nord de la Côte d?Ivoire.
C?est un scandale pour la France officielle. Délesté
de l?arme de pression de la rébellion, il réunifiera
le pays et organisera des élections qu?il gagnera sans
coup férir. Pourtant, l?esprit de Marcoussis, c?est
l?organisation d?une «transition» et d?une
«technologie électorale» destinées à le faire partir.
C?est également un scandale pour Paris parce que
Chirac frémit de sentir les avions de Gbagbo à
quelques kilomètres de la frontière de son ami Blaise
Compaoré, avec qui il «bouffe» les dividendes des
trafics d?armes et de diamants et avec qui il organise
des «coups tordus» pour faire rendre gorge aux ennemis
de la France. 
Il faut agir. La France des réseaux militaires et de
la Chiraquie est coincée. Elle ne peut intervenir
«fermement» (c?est-à-dire empêcher la percée de
l?armée ivoirienne sur un territoire qui lui
«appartient») sans le mandat de l?ONUCI, qui garde une
attitude de prudence et refuse de lui donner un
blanc-seing pour combattre l?Etat ivoirien. La France
trépigne. Michèle Alliot-Marie crie rageusement que
«l?ONU réagit extrêmement mal». L?armée de Jacques
Chirac est furieuse que les FANCI contournent toutes
ses positions et pénètrent en nombre en zone occupée.
Selon des informations données par le quotidien Le
Monde ? qui ne s?est sans doute pas rendu compte du
lièvre qu?il levait ?, Alliot-Marie fait
prépositionner, dès le jeudi 4 novembre, de Mirage F-1
à Libreville, «munis de missiles air-air pour pouvoir
empêcher la poursuite des attaques de l'aviation
ivoirienne». Plus crûment, dès le 4 novembre, Paris a
décidé de bombarder et de détruire, avec les missiles
de ses Mirage F-1, la flotte ivoirienne. De plus,
Alliot-Marie «obtient de l'ONU des "règles
d'engagement" moins restrictives pour les forces
d'interposition en Côte d'Ivoire». En gros, la France
se prépare à bander les muscles contre Gbagbo.
Difficile, après cela, de faire croire à ceux qui
réfléchissent un tant soit peu, que le hasard du
«bombardement» des forces ivoiriennes à Bouaké soit
venu à la rescousse de la volonté française aussi
facilement. Le hasard est en vérité un «happening» :
pour précipiter sa réaction ? les Mirage auraient pu
arriver après que les FANCI aient fini le travail ?,
Paris a organisé un coup fourré que certaines
questions suffisent à démontrer. Comment se fait-il
que la lumière ne soit pas toujours faite sur le
projectile qui a «bombardé» le camp français. Les
militaires français ont parlé d?abord d?une «bombe de
250 kilos», puis avoué qu?il s?agissait d?une
roquette. Les roquettes sont disponibles tant chez les
loyalistes que chez les rebelles. Selon le témoignage
quasiment en temps réel d?un officier sur le terrain,
c?est une roquette rebelle qui est tombée sur le
casernement français. Un casernement que les
télévisions françaises à Bouaké rechignent à filmer
réellement, le montrant de loin, comme si son accès
était interdit. La France a menti. Il n?y a jamais eu
de «bombardement» à Bouaké (d?ailleurs, on ne
«bombarde» pas avec une roquette). Il fallait trouver
un prétexte pour empêcher que tous les efforts fournis
par la puissance tutélaire pour brider Gbagbo soient,
au final, vains.
Le «travail» de bombardement a donc été fait. Dès ce
moment, Paris est entré dans une logique de coup
d?Etat, comme l?affirme un article du quotidien «Le
Figaro». Le coup d?Etat aurait dû s?appuyer sur le
«chaos» créé par les patriotes et «l?incapacité» de
Gbagbo à le contenir. La France officielle a donc misé
sur les exactions sur ses ressortissants pour porter
le coup fatal. C?est pourquoi des sources militaires
anonymes françaises évoquaient, sur l?AFP, «des
dizaines de femmes violées» et que l?intox évoquant
des morts français a été diffusée abondamment par les
«services» qui ont réussi à manipuler certains titres,
comme le quotidien «Le Parisien». Mais le chaos a été
limité, même comme la communauté expatriée a souffert
le martyre. 4000 prisonniers se sont laissés «évader»
par les autorités de la Maison d?arrêt et de
correction d?Abidjan (MACA), gérée par le RDR
d?Alassane Ouattara, selon le partage de pouvoir de
Marcoussis. Trois femmes ont été violées, uniquement
dans la zone sud, pourtant tenue depuis samedi 6
novembre par les soldats de la Force Licorne. Le
général Poncet et ses hommes, gênés dans toutes leurs
man?uvres pour «sécuriser» le périmètre présidentiel
et bloquer Gbagbo en son palais avant de le déposer,
ont dû progressivement abandonner leur coup d?Etat,
d?autant plus que cette option n?était pas partagée
par tous les hommes du Quai d?Orsay, qui juraient agir
pour le respect de la «légalité constitutionnelle».
Paris a donc reculé, la mort dans l?âme, après avoir
tué de sang-froid au moins 65 Ivoiriens et en avoir
blessé plus de 1500.
Chirac se rabat sur la bataille diplomatique. On
retourne au sacro-saint Accord de Marcoussis. Après
avoir paré au plus pressé (empêcher Gbagbo de
récupérer l?intégrité de son pays), il lui va devoir
faire ce qu?il s?obstine à faire lui-même et à ne pas
«déléguer» au gouvernement ivoirien : le désarmement.
Ce désarmement que Thabo M?Beki, dans un rapport qui
va à l?encontre des propos des médias français jurant
que Gbagbo «sape» l?accord de paix, appelle de tous
ses v?ux. «L?une de ces importantes questions, entre
autres, est la mise en ?uvre du programme de
Désarmement, de Démobilisation et de Réintégration
(DDR), contenu dans le chapitre VII de l?Accord de
Linas-Marcoussis et l?Article 9 de l?Accord d?Accra
III. Ce programme DDR donnerait la possibilité
d?atteindre l?objectif contenu dans l?article 10 de
l?Accord d?Accra III, portant sur le redéploiement de
l?appareil d?Etat sur l?intégralité du territoire
national, et donc la possibilité de mettre en ?uvre
toutes les lois nationales à travers le pays y compris
les lois qui visent spécifiquement à faciliter la
transition». Mais la vérité, c?est que Jacques Chirac
ne veut pas du désarmement. Cela faciliterait la tâche
à Gbagbo, cela lui permettrait d?avoir ce que
justement la France l?a empêché de recouvrer :
l?intégralité de son territoire. De toutes façons, à
leur niveau de nervosité, les rebelles n?accepteraient
pas d?être désarmés par la France. Paris devra donc
expliquer à l?inconscient président Gbagbo comment on
fait pour réunifier son pays quand ceux qui l?occupent
ne le veulent pas. Bien entendu, la France jouera du
dilatoire, en se cachant derrière les rebelles, les
chefs d?Etat ouest-africains et toutes les
marionnettes qu?elle agite habituellement. Elle
tentera de demander à Gbagbo de prendre un décret pour
changer la Constitution, et fera un boucan d?enfer
s?il se refuse à violer la Loi fondamentale pour les
beaux yeux d?Alassane Ouattara, le parrain de la
rébellion qui a déjà causé des milliers de morts.
L?heure de vérité approche. La marge de man?uvre d?une
France qui est désormais exposée aux yeux d?une
Afrique qui a vu ses crimes en images fixes et
animées, mais également aux yeux de son opinion
publique. On attend, en se réjouissant d?avance,
qu?elle demande au Conseil de Sécurité, au final, des
interdictions de voyager au gouvernement et à la
société civile ivoiriens, parce qu?ils ont voulu se
conformer aux règles démocratiques. Par ailleurs,
l?activisme de la France pour détruire les capacités
de défense militaires de l?Etat de Côte d?Ivoire et
lui imposer une fragilité face à un Etat-voyou comme
le Burkina Faso (porté à bout de bras par Chirac),
clarifie les choses. Il est évident que les intérêts
des multinationales françaises (à ne pas confondre
avec les PME ivoiriennes tenues par des Français)
seront regardés avec moins de bienveillance par les
consommateurs ivoiriens (même si les politiques s?y
refusent) désormais. Dans son combat féroce contre la
Côte d?Ivoire indépendante, Jacques Chirac a certes
gagné une bataille, mais il est loin d?avoir gagné la
guerre.

P.S : Selon les critères de Jean-Pierre Raffarin,
Premier ministre français, cet article incite à la
«haine», à la «xénophobie» et au «racisme». L?auteur
de ces lignes assume et est prêt à comparaître devant
les tribunaux internationaux.



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"A Black Belt is a White Belt who never quit"
Aikido.

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