Milliards volés et
institutions internationales
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Lundi 6 février, 6h00
L’European Investment
Bank vient d’accorder un prêt de 13 millions d’euros à
Magindustries Corp pour les projets
industriels dans la région du Kouilou au Congo Brazzaville. Ce prêt
permettra le financement d’une étude banquable de faisabilité pour
un projet de production de magnésium au Congo.
" Mwinda " va
faire la démonstration qu’il s’agit là d’un véritable scandale qui
réunit encore une fois le pouvoir de Brazzaville à des opérateurs
douteux et auxquels se mêle, par connivence et complaisance, une
institution internationale.
La compagnie Magindustries,
présente au Congo depuis le 28 mai 1997, n’avait jamais eu la
volonté de démarrer cette étude indispensable au financement du
projet. Dans la Convention minière (signée avec Congo Minerals,
devenu Magnesium Alloys puis Magindusties) la société s’était
engagée à la produire dans les 4 années, soit avant le 28 mai 2001.
Cette compagnie toujours dirigée par M. William Burton devait
engager 250 travailleurs congolais. Or seuls 3 ou 4 emplois ont été
créés (jusqu’à ces derniers mois). Elle devait également forer 32
puits d’appréciation. Un seul a été réalisé.
Le facteur
déclenchant de leurs activités réelles au Congo va démarrer par un
vol spectaculaire pour les Congolais qui n’aurait pu être commis si
la famille régnante n’y était pas associée. D’ailleurs, aux noms
déjà connus des « hommes du président » comme celui de M. Hubert
Pendino, Jean Yves Ollivier, nous pouvons en découvrir un autre : M.
Stéphane Rigny, Vice Président de Magindustries. L’argent qui sera
gagné dans la vente des rondins d’eucalyptus servira à leurs
investissements personnels et privés dans un projet de production de
magnésium auquel finalement la famille aura été associée.
Contrairement au pétrole dont les Congolais n’ont jamais vu
la couleur, mises à part les torchères qui brûlent loin du rivage et
quelques installations offshore, l’objet de ce vol, les forêts
d’eucalyptus, lui est bien connu et faisait aussi notre fierté (et
celle de M. Sassou lui-même). Durant quelques minutes avant que
l’avion n’atterrisse à Pointe-Noire, le survol de ces plantations
nous réconciliait avec les pouvoirs successifs par la beauté de ces
millions d’arbres alignés et par la promesse d’une richesse
renouvelable !
L’objet du vol étant ces 48.000 hectares
plantés, à combien chiffre-t-on son montant ? La cupidité des
partenaires de « l’homme des masses » est sans limite. Ils le
révèlent, en partie, dans leur communication financière
et dont voici un extrait :
Une
étude récente des opérations de EFC menée par Crickmay and
Associates, consultants en sylviculture, évalue les plantations et
les équipements à 52 millions de US dollars (à l'exclusion de 20.000
hectares de terre à planter, évalués au dessus de 10 millions de US
dollars). Cette évaluation ainsi qu'un audit récent effectués par
Ernst & Young contribuera de manière significative à la valeur
des actifs du bilan de MagIndustries. MagForestry a acquis son
intéressement de 55% dans EFC en payant un montant total de 2
millions de US dollars.
Oui vous avez bien lu ! C’est en
payant seulement 2 millions de US dollars (soit un milliard de
francs CFA ou plus de 1,6 million d'euros) que ces prédateurs ont
mis la main sur un patrimoine qu’un cabinet de consultant a évalué
au total à 62 millions de US dollars (52 millions + 10 millions,
soit plus de 51 milions d'euros ou près de 34 milliards de F. CFA).
Certains disent que ces plantations valent encore plus que cette
expertise et « Mwinda » va vous le prouver !
Avec 55% de ces plantations Magindustries
contrôle donc les forêts et en disposera
pendant les 50 prochaines années.
Il y a près d’une
vingtaine d’années, le Centre Tropical Forestier avait démarré les
plantations d’eucalyptus avec une densité de 1500 arbres à l’hectare
mais finalement les plantations de l’UAIC se sont effectuées à la
moyenne de 800 arbres à l’hectare. 2 mono-clônes avaient été
sélectionnés, à l’origine, pas bien adaptés pour la production de la
pâte à papier et pas très bons pour le sol. La compagnie pétrolière
SHELL qui un temps avait pris le contrôle de l’UAIC avait en projet
de changer la variété d’eucalyptus plantée au Kouilou après 1997. En
1998, confrontée aux problèmes de la taxe maritime imposée par la
SOCOTRAM de Willy Nguesso et au racket d’autres membres de la
famille, SHELL avait préféré abandonner ses activités au Congo : les
forêts d’eucalyptus et le permis pétrolier Marine XI (déjà !).
Il était acquis que le coût d’un arbre produit était de 4
dollars sans tenir compte de l’incidence de la valeur de la terre.
Dans ces 4 dollars étaient compris, la production du plant, sa
plantation, l’entretien pendant 7 années de la plantation et
finalement sa récolte. Chaque plant permet de récolter 3 fois un
arbre toutes les 7 années.
Un arbre récolté donne 3 rondins
de 250 kg soit 750 kg au total. Le reste, des sous-produits, sert à
la fabrication de charbon de bois. Une plus grande valorisation de
la production est également permise par la transformation des arbres
en poteaux électriques mais nous ne traiterons que les éléments
fondamentaux.
Sur le marché actuel de la pâte à papier, le
bois d’eucalyptus est vendu aux environ de 65 dollars la tonne. Ce
qui valorise un eucalyptus à environ 50 dollars.
Un hectare
planté de 800 arbres à 50 dollars pièce a une valeur marchande de
40.000 dollars (sans tenir compte du fait que dans 7 années une
nouvelle récolte sera disponible).
40.000 dollars x 48.000
hectares = 1.920.000.000 US dollars (960 milliards de FCFA)
Le contrôle de ce patrimoine obtenu par Magindustries, pour
2 millions de dollars a une valeur marchande d’un milliard neuf cent
vingt millions d’US dollars. Quelle belle affaire ! D’autant plus
que dans 7 années il y aura, sur ces 48.000 hectares, 38.400.000
arbres qui auront repoussé et qui vaudront, au moins, encore
1.920.000.000. US $.
C’est tellement une belle affaire que
c’est un vol manifeste ! Un contrat léonin !
A quoi
assistons-nous aujourd’hui ? Encore une fois au concours d’un
organisme international à une opération mafieuse !
L’European Investment Bank finance une société,
Magindustries :
- qui n’a, contractuellement plus de contrat
d’exploration avec la République du Congo puisqu’elle devait
présenter une étude banquable de faisabilité avant le 28 mai
2001;
- qui n’a pas les garanties propres à garantir un
quelconque prêt (il suffit d’aller sur les comptes que la société
Magindustries a publié);
- qui apporte, très sûrement en
garantie d’un prêt et d’un projet, un bien dont elle a obtenu le
contrôle à des conditions scandaleusement minorées, par un contrat
léonin.
C’est effectivement un scandale ! Un scandale de
plus direz-vous, auquel nous sommes confrontés.
Après la
complaisance du FMI voilà l’assistance de l’Union Européenne au
travers d’un de ses instruments de financement. Monsieur Louis
Michel, Commissaire européen au développement, qui était tout
récemment auprès de Monsieur Sassou Nguesso à Brazzaville, aurait-il
déjà donné son approbation à ce pillage ?
Pendant ce temps,
la misère au quotidien de la population continue et continuera sous
le régime de M. Sassou avec ou sans la contribution des Institutions
Internationales. Rien ne changera !
Institutions myopes,
aveugles ou corrompues ?
Jusqu’où et quand devrons-nous
faire le travail de leurs Experts ?
La rédaction de
Mwinda
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