Un éléphant, ça trompe énormément...
les arrières pensées sournoises du Ministre de la coopération belge Armand de
Decker?
La Belgique est en panne de compétitivité, n'en déplaise à son premier
ministre, l'Europe traverse une crise socio-économique grave. Il faut trouver
des voies de sortie. L'Afrique, continent à exploiter, offre un nouvel attrait
pour le monde occidental. Dans quel sens vont les intérêts? Recolonisation?
Rétroflash
Armand De Decker: "Bruxelles doit rester aux bruxellois !", 1989
Armand De Decker: "Le gouvernement PS-CVP a laissé venir les immigrés et les
réfugiés. Il les a même attirés avec des avantages sociaux qui constituent une
véritable pompe aspirante à réfugiés économiques. Et demain, s?ils en ont
l?occasion, ils leur donneront le droit de vote et d?éligibilité? Le PRL, lui,
veut stopper et réduire l?immigration (?). L?immigration a changé de nature.
Elle est devenue migration, elle est devenue massive (?). Le PRL, lui, en est
conscient. Nous avons le courage de nos opinions et nos actes le prouveront."
in "Reconstruisons la Belgique", tract, 1991*.
Un adage africain dit qu'un séjour de quelques années dans l'eau ne transforme
pas un tronc d'arbre en caïman. Laissez-nous alors nous étonner des récentes
propositions du personnage en direction du continent africain pour lequel il
semble pris d'une affection soudaine. Il faut clarifier les concepts et avoir
le courage de ses opinions. Le choix de Mr de Decker comme ministre belge à la
coopération s'inscrit-il dans un agenda caché?
Projet n°1: des jeunes de 20 ans pour aider l'Afrique
Le Conseil des ministres a approuvé la proposition du ministre de la
Coopération au développement, Armand De Decker, de créer "un service civil
volontaire à la Coopération", projet qu'il avait présenté mardi 26 septembre
2005 aux diplomates et attachés de la Coopération réunis à Bruxelles pour les
traditionnelles journées diplomatiques.
L'idée est de permettre à des jeunes, sans expérience mais titulaire au minimum
d'un certificat d'enseignement supérieur, de partir à l'étranger pour une
période d'un an renouvelable deux fois (soit un mandat maximal de trois ans) au
service de projets de la coopération bilatérale, multilatérale ou indirecte.
Agés entre 20 et 30 ans, ces volontaires seront sélectionnés avec soin par la
CTB et recevront une formation adéquate avant de partir.
L'idée, a expliqué le ministre, "est à la fois de canaliser la bonne volonté
qu'on observe chez les jeunes et de leur donner l'occasion d'acquérir
l'expérience qui leur fait généralement défaut mais qu'on attend de tous ceux
qui souhaitent travailler dans la coopération au développement". Ces jeunes,
poursuit Armand De Decker, seront envoyés exclusivement dans les dix-huit pays
partenaires de la Belgique (principalement des pays africains mais la liste
pourrait être revue dans les mois qui viennent), a laissé entendre le ministre.
Ils toucheront le salaire minimum garanti mais, "dans un pays comme le Congo",
estime M. De Decker, "ce salaire permet de vivre décemment".
Il est prévu de recruter cent nouveaux volontaires chaque année. Comme ceux-ci
auront la faculté de prolonger leur séjour d'un an ou deux, la Belgique
pourrait ainsi se retrouver avec un réseau très étoffé, relève le ministre.
Certes, tout dépendra des possibilités budgétaires, nuance-t-il, mais avec
l'engagement de la Belgique à consacrer à terme 0,7pc de son PIB à la
Coopération et la perspective de disposer par conséquent de moyens accrus,
Armand De Decker ne doute que notre pays se donnera de la sorte un nouvel
instrument efficace pour favoriser le développement dans le tiers-monde.
Projet n°2: des militaires européens pour sauver la paix
Le ministre de la Coopération au développement, Armand De Decker, a suggéré le
20 septembre à Bruxelles la création, en Afrique centrale, d'une grande base
militaire commune à l'Union africaine (UA) et à l'Union européenne.
Une telle infrastructure permanente, bien équipée et entretenue "nous
permettrait de poursuivre et d'approfondir le processus de formation et
d'entraînement de forces armées africaines selon les critères les plus élevés
d'efficacité, d'opérationnalité et d'éthique", a-t-il affirmé lors d'un
colloque sur le "maintien de la paix en Afrique sub-saharienne" organisé au
Parlement par l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale (UEO).
Une telle base permettrait aussi aux forces armées européennes de continuer à
s'entraîner régulièrement en Afrique et d'ainsi entretenir leur expertise sur
le terrain, a ajouté De Decker. Il a toutefois souligné que la création d'une
telle installation était subordonnée à un certain nombre de "préalables
incontournables", dont la bonne gouvernance, le juste et libre échange mais
aussi, et surtout, la paix et la sécurité.
Nos remarques: arrêtons le bricolage
Sur le projet d?envoyer des jeunes belges en Afrique, le Ministre considère
t-il l?Afrique comme un jardin zoologique, où il envoie des boys scouts admirer
des animaux ? Qu?est ce que des jeunes de vingt ans peuvent apporter à un pays
meurtri comme le Congo, où l?entreprise de reconstruction est titanesque et
nécessite des hommes et des femmes d?expérience ? N?est pas de l?argent public
jeté par la fenêtre ?
Pourquoi ne pas résorber le chômage réel, par exemple, en recrutant de vrais
professionnels belges, ou africains, en chômage ou qui sont minimexés (le RMI
français), qui accepteraient de travailler avec ce salaire au Congo. Car, en
effet, avec le minimum garanti belge, ils peuvent bien vivre au Congo. Le
Ministre de la coopération rendrait service à la Belgique et au Congo, et fera
ainsi ?uvre de solidarité internationale. Il est vrai qu'il refuse toute
identité à ces "africains-belges"...
Et pourtant, il existe un programme de volontaires des Nations unies; pourquoi
la Belgique ne met-elle pas ce projet du ministre en synergie avec ledit? S'il
s'agit de préserver la Belgique aux belges "de souche", le projet aurait pu se
rapprocher des tentatives de l'OIM en matière d'aide au retour des personnes
immigrées. Pour un homme de droite soucieux de rationaliser les dépenses
publiques, cela pose problème.
Sur le projet des forces armées européennes, l?Afrique est perçue comme un
vaste terrain de chasses, mieux, un terrain d?exercice et d?expérimentation
militaire? A défaut de confier une usine d'armes à ces africains irresponsables
(échec de l?attribution de la Licence d?exportation des armes en Tanzanie à la
société liégeoise New Lachaussée), on trouve une méthode efficace pour écouler
les armes légales et illégales en Afrique et, d'en contrôler l'usage. Est-ce
ainsi que l?on garantit la paix et la sécurité en Afrique? N?est ce pas ici une
manière subtile de contourner une victoire démocratique (refus de la licence à
New Lachaussée)?
L'Afrique est le continent de tous les rêves et cauchemars; c'est un territoire
vierge sur lequel toutes les expériences sont permises. Mr De Decker se couche
un soir, rêve de méthodes alambiquées pour tromper sa conscience tout en
répondant au problème de l'emploi en Europe; le lendemain, il le met en route.
Aucune concertation, aucun cas ne sera fait de ces milliers de belgo-africains,
ou d'africains diplômés qui ont du mal à trouver un emploi décent en Belgique,
mais qui sont bons pour la plonge et les sales, petits boulots? Ces africains
qui ne peuvent rentrer ou aller travailler dans des pays traversant des guerres
attisées et entretenues.
Le manque de cohérence: Armand de Decker fustige Tony Blair dans ses
propositions "inachevées" pour sortir le continent africain du gouffre. Sa
solution à lui est basée sur une équipe de jeunes BBR de vingt ans, à peine
sortis de l'école; ils sont ainsi occupés pendant trois ou quatre années. Nous
avons vu l'efficacité des Peace-Corps et autres volontaires du progrès sur le
terrain.
L?objectif est simple : Nous donnons 0,7% de notre PIB à l'aide au
développement; nous nous en servons pour financer l'emploi de nos jeunes. La
proposition semble brillante et mérite alors d'être transposée en politique de
coopération de l'UE. L?ami Louis Michel se chargera sûrement de la suite du
travail. Simple et brillant? Et le PS, le CDH, Ecolo restent muets pendant ce
temps sur le sujet. Complicité ou complot?
On comprend également pourquoi il faut maintenir vaille que vaille des hommes
de paille à la tête des États africains, et tenir les intelligences africaines
en situation d?exil surveillé en Occident (la fameuse diaspora noire) ou de
mendicité forcée sur place. Tenus par des armes que l?on déverse sur un
continent "pauvre" ou appauvri...
Bruxelles, le 29 septembre 2005
Gustav Ahadji
*- «Le passé raciste du PRL, dans le texte? », RésistanceS, 23 mai 2001.
Source: http://www.afrology.com
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