Côte d'Ivoire : Seul un Front unique de l'opposition pourra mettre fin au
régime de Gbagbo et à ses exactions
Je persiste à croire que la crise ivoirienne (qui a dépassé largement ce
stade ; c'est désormais un véritable drame que vivent la Côte d'Ivoire et
tous ses habitants, nationaux et étrangers) évolue dans le bon sens. Les
morts s'ajoutent aux morts et les massacres aux massacres mais la vraie
nature du régime Gbagbo s'impose désormais à tous les observateurs. Pour
cela, les morts valent mieux que les mots.
Ce qui s'est passé à Abidjan le jeudi 25 mars 2004 ne peut surprendre ni par
son ampleur, ni par sa systématisation. Le régime Gbagbo a depuis longtemps
substitué la Terreur à l'intimidation. Bien avant le coup de force du 19
septembre 2002. Et nul ne peut s'étonner de la dérive d'un homme politique
qui, autrefois, faisait figure d'opposant à un régime dont il ne cessait
d'affirmer qu'il était totalitaire.
La gestion de la Côte d'Ivoire par Félix Houphouët-Boigny a été loin d'être
exemplaire. Et il faut bien reconnaître que le drame que vit son pays
aujourd'hui est, en partie, l'héritage d'une certaine inconséquence
politique. C'est l'incapacité de Henri Konan Bédié, héritier désigné
(constitutionnel uniquement pour la forme), à mener la politique qu'il
convenait d'adopter au lendemain de la dévaluation du franc CF A qui a
précipité la Côte d'Ivoire dans une crise politique et sociale. Obnubilé par
le pouvoir pour le pouvoir, Bédié a chercher dans l'exclusion des autres (et
en tout premier lieu de Alassane Ouattara) une solution à ses problèmes. En
vain.
La crise de 1999 puis celle de 2002-2004 ont démontré que l'ivoirité, cette
politique d'exclusion des autres, n'était pas une idée acceptable en Côte
d'Ivoire et dans la sous-région et qu'elle ne saurait être une voie pour
conquérir ou se maintenir au pouvoir. Il est dommage que cette prise de
conscience résulte, uniquement, de crises majeures. Mais c'est aussi, sans
doute, parce que, en temps opportun, ni la France ni la communauté
internationale n'ont eu la volonté de dénoncer cette politique. Bédié
convenait à Paris qui s'est ensuite accommodé de Gueï puis de Gbagbo. Le
"Tout sauf Ouattara" était également en vigueur à l'Elysée.
L'assassinat de Gueï, le 19 septembre 2002 et, dans la foulée, la tentative
d'assassinat de Ouattara (qui, racontée dans Paris-Match le 20 février 2003
par Dominique Ouattara, l'épouse du président du RDR, vient de valoir à
l'hebdomadaire français, le 28 avril 2004, d'être condamné, à la demande de
Gbagbo, pour diffamation), n'avaient guère ému les responsables politiques
français qui n'entendaient pas, alors, chercher des histoires à Gbagbo.
Paris exfiltrait Ouattara d'Abidjan et virait son ambassadeur, Renaud
Vignal, donnant ainsi satisfaction au chef de l'Etat ivoirien. Sans trouver,
pour autant, une solution à la crise ivoirienne.
Dénonçant une diplomatie française "béate ", j'écrivais alors (LDD Côte
d'Ivoire 050/Jeudi 12 décembre 2002) : "Ouattara et Vignal ayant été retirés
de l'échiquier ivoirien, Gbagbo pense avoir les mains libres. Illusion.
Gbagbo ne trouvera pas d'issue à la crise ivoirienne. Il est la cause de la
crise. S'il perd face aux "mutins ", c'est le vide politique et toutes les
aventures deviennent possibles. S'il gagne face aux "mutins ", e'est
l'institutionnalisation revancharde de l'ivoirité. Et, du même coup,
l'affrontement généralisé en Afrique de l'Ouest. En Côte d'Ivoire, le pire
est à venir".
Suite : http://www.lefaso.net/article.php3?id_article=2120
Cyriaque Paré
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