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Discours du president Gbagbo

To: "OLIVIER.STABLE" <OLIVIER.STABLE@wanadoo.fr>, afrique@univ-lyon1.fr
Subject: Discours du president Gbagbo
From: John Tra <jtra00@yahoo.com>
Date: Tue, 18 May 2004 21:02:25 -0700 (PDT)
Delivered-to: afrique@dns2.univ-lyon1.fr
Delivered-to: afrique@univ-lyon1.fr
In-reply-to: <008001c43cc5$b9dcdda0$7725f8c1@r1t1h4>
Vivement qu'on en finisse. Nous sommes fatigues.


Discours intégral du Président Laurent Gbagbo

Abidjan.net - 5/18/2004 7:58:02 PM

Mes chers compatriotes, Chers amis de la Côte
d?Ivoire.

Après les événements du 25 mars 2004, j?ai suivi comme
vous la campagne médiatique menée contre notre pays,
contre ses dirigeants, sa jeunesse, son armée, sa
gendarmerie, sa police. 

J?ai attendu, dans le silence, que les clameurs se
taisent. Il n?est jamais bon de parler dans le bruit
quand on veut se faire entendre. Aujourd?hui les
clameurs se sont tues. 

J?ai décidé de parler, non pas pour me défendre, car
je n?en ai guère besoin. Ce qui est essentiel dans la
vie, c?est d?être dans le vrai. Nous sommes
tranquilles parce que nous sommes dans le vrai. 

Je remercie à nouveau la communauté internationale qui
s?est mobilisée, dès le départ, pour nous aider à
retrouver le chemin de la paix. Je me félicite, en
particulier, de l?engagement de la France à nos côtés
; un engagement qui se traduit, d?une part, par la
présence de ses troupes sur le terrain et par sa
médiation qui a abouti, d?autre part, à l?Accord de
Marcoussis. 

Je suis sensible à la solidarité constante des pays
frères de la CEDEAO qui ne ménagent aucun effort pour
appuyer et consolider le processus de paix et de
réconciliation en Côte d?Ivoire. 

Dans cette crise, la Côte d?Ivoire n?a jamais été
seule. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a voté
en février dernier la résolution 1528, créant l?ONUCI.
Il faut saluer le déploiement des forces onusiennes
qui commence. Nous attendons qu?elles concourent
effectivement au désarmement, à la réunification du
pays et à la préparation des élections générales de
2005. 

C?est ici le lieu de rappeler que l?action de la
communauté internationale ne saurait ni supplanter, ni
se subsister à ce qui relève de notre responsabilité.
Ceux qui pensent que la solution à notre crise ne peut
venir que de l?extérieur se trompent. L?extérieur
vient nous aider mais c?est ici, et par nous-mêmes que
nous devons trouver ensemble les voies de règlement de
la crise. Pour cela, nous devons garder toujours à
l?esprit les valeurs qui commandent notre communauté
de destin. 

Je rappelle, encore une fois, à cet égard, que l?Etat
ne s?est pas effondré et que l?Accord de Marcoussis
n?a pas dissout les institutions démocratiques de la
Côte d?Ivoire. Au contraire, c?est la vie de nos
institutions qui donne un sens à Marcoussis. 

Pour que cet Accord soit appliqué, il faut que le pays
soit gouverné et la Côte d?Ivoire est gouvernée. Notre
pays a une Constitution qui indique clairement où se
situe le pouvoir exécutif. La Côte d?Ivoire a un
régime présidentiel. Elle n?a pas un régime de partis.
C?est pourquoi, conformément au serment que j?ai prêté
devant le peuple ivoirien, j?entends exercer
pleinement les pouvoirs reconnus au Président de la
République par la Constitution. 

Nous sommes un pays en guerre. J?ai été élu pour
garantir les libertés. Mais les libertés de l?Homme
reposent d?abord sur le droit à la vie. La première
liberté c?est la vie ; la vie de chaque individu et la
vie de l?Etat qui assure l?exercice des libertés. Le
devoir d?un Etat c?est en effet de protéger la vie des
hommes et des femmes qui vivent sur son sol et de
garantir leurs libertés. 

Quiconque porte atteinte à la vie des citoyens tue les
libertés. C?est pourquoi, dans la gestion de la crise
ivoirienne, il m?est apparu injuste que l?on nous ait
demandé d?accorder l?impunité à ceux qui ont ôté la
vie à des milliers de nos concitoyens. La loi
d?amnistie, que nous avons accepté de voter et de
promulguer, pensant qu?elle allait nous amener la
paix, n?était rien d?autre qu?une consécration de
l?impunité. 

Dans un tel contexte, je ne saurais permettre que des
rebelles qui occupent une partie du territoire et qui
refusent de désarmer organisent des manifestations
dans la zone sous le contrôle du gouvernement de la
République. Il n?est pas concevable de croire qu?un
mouvement armé, qui refuse le désarmement, prétende
organiser ou co-organiser une manifestation qui serait
pacifique. 

Les deux idées sont antinomiques. Ou bien on est un
mouvement légal, légaliste, non armé, respectant
toutes les règles et toutes les lois de la République
alors on décide d?organiser des manifestations
pacifiques. Ou bien on est un mouvement armé, on
attaque par surprise la République pour la dissoudre,
alors on ne peut pas prétendre organiser des
manifestations pacifiques. 

Je rappelle à ce sujet que la marche projetée le 25
mars à Abidjan par la rébellion, en association avec
certains partis politiques était programmée, alors que
le gouvernement venait de prendre, le 11 mars, un
décret interdisant toute manifestation de rue jusqu?au
30 avril. 

Ce décret, présenté conjointement par le ministre
d?Etat, ministre de l?administration du territoire,
issu du MPCI, le ministre d?Etat, garde des seaux,
ministre de la justice issu du RDR, le ministre de la
défense et le ministre de la sécurité intérieure, a
été adopté en conseil des ministres. Tous les
ministres, à l?exception de ceux qui sont issus du
PDCI, étaient présents. 

Mais s?il n?y avait pas eu ce décret, j?aurais
interdit cette marche, tout comme aujourd?hui, je
m?oppose et je m?opposerai à toute manifestation
initiée par les mouvements en armes dans la zone sous
contrôle gouvernemental. 

Concernant précisément les événements du 25 mars 2004,
nous commençons à savoir ce qui s?est passé. Nous
savons aujourd?hui, par exemple, qu?il y a eu
effectivement des forces non gouvernementales. Mais
elles ne sont pas ce que beaucoup ont cru. Les
enquêtes se poursuivent et bientôt les responsabilités
seront situées, à tous les niveaux. 

A ma demande, le Conseil de sécurité des Nations Unies
a envoyé une mission internationale d?enquête qui
s?est rendue en Côte d?Ivoire du 18 au 28 avril 2004.
Un rapport publié à l?issue de cette mission a suscité
des questions et des doutes sur l?objectivité de
l?enquête et l?impartialité de la commission. On se
demande s?il s?agit d?un réquisitoire ou d?un rapport
d?enquête. 

C?est pourquoi, je me réjouis que l?ONU ait décidé
l?envoi d?une nouvelle commission d?enquête qui
reprendra globalement les investigations depuis la
nuit fatidique du 18 au 19 septembre 2002. Oui, je
suis heureux que le Conseil de Sécurité ait enfin
accédé à cette requête que je fais depuis le
déclenchement de la guerre. 

Ce que les Ivoiriens attendent, c?est une véritable
commission d?enquête. 
Mes chers compatriotes,
Ce soir, je vous demande de garder le calme. Le pays
est debout, le processus de paix et de réconciliation
est en marche. S?agissant de l?application de l?Accord
de Marcoussis, le Gouvernement a fini son travail. Je
demande au Parlement de faire diligence pour nous
aider à parachever le processus. 

Notre objectif est et reste de sortir de la crise par
les élections propres. Marcoussis n?est pas un texte
sacré mais nous avons décidé de l?appliquer, au nom de
la paix. Nous devons rester conséquents avec
nous-mêmes. 

Aujourd?hui, les faits parlent d?eux-mêmes :
- On ne peut pas dire qu?on est pour l?Accord de
Marcoussis quand on refuse de respecter la
Constitution.
- On ne peut pas dire qu?on est pour l?Accord de
Marcoussis quand on boycotte le Conseil des ministres.
- On ne peut pas dire qu?on est pour l?Accord de
Marcoussis quand on refuse le désarmement.
- On ne peut pas dire qu?on est pour l?Accord de
Marcoussis quand on menace de faire une sécession en
Côte d?Ivoire. 

Je lance donc encore une fois un appel à tous les
partis et mouvements qui ont demandé à des ministres
de suspendre leur participation aux activités du
gouvernement de se ressaisir, de rentrer dans
Marcoussis et de rentrer dans la République. 

Il n?y a pas de gouvernement s?il n?y a pas de Conseil
des Ministres et le titre de ministre ne vaut que par
la participation au conseil des ministres. La Côte
d?Ivoire a besoin de son gouvernement. 

Je demande au Premier ministre de prendre toutes les
dispositions pour qu?un conseil des ministres se
réunisse dans les meilleurs délais. 

Jusqu?ici, tenant compte de la situation particulière
du pays et de la composition même du Gouvernement, je
me suis gardé de prendre des sanctions. Je continue de
faire confiance au sens des responsabilités de chacun.


Mais la situation ne saurait durer indéfiniment. C?est
pourquoi j?ai décidé les mesures suivantes : 
-Pour le mois de mai 2004, aucun salaire ni accessoire
de salaire ne sera payé aux membres du gouvernement
ayant délibérément boycotté les réunions du conseil
des ministres. Il s?agit des ministres issus du PDCI,
du RDR, de l?UDPCI, du MFA, du MPCI et du MJP. Le
montant de ces émoluments sera versé intégralement aux
victimes de la guerre. 

-Le Premier ministre devra faire récupérer les
véhicules de fonction affectés à tous les ministres
qui veulent continuer à boycotter le conseil des
ministres. 

-Il faut que le Premier ministre prenne des
dispositions urgentes pour qu?aucun ministre ne soit
logé à l?hôtel du Golf. 

Il est temps que les ministres soient tous traités de
façon égale. Il faut en finir avec la ghettoïsation
des ministres issus de la rébellion. Il est donc
impératif que le ministre de la construction et de
l?urbanisme mette tout en ?uvre afin que les ministres
de la République soient logés dans les mêmes
conditions. 

J?ai constaté un véritable vagabondage des ministres
ivoiriens dans tous les pays. Certains voyagent même
aux frais de l?Etat de Côte d?Ivoire. Je ne puis
accepter cela. C?est pourquoi, désormais, les
déplacements à l?extérieur des membres du gouvernement
ne se feront qu?avec l?autorisation du seul chef de
l?Etat. 

-J?ai remis au Premier ministre une liste de
personnalités que je ne voudrais plus voir figurer
dans le gouvernement de la République. L?Accord de
Marcoussis nous oblige à respecter un équilibre dans
la formation du gouvernement, mais il ne lie pas le
sort de la République à des individus. 

Le Gouvernement de la République doit fonctionner avec
les ministres qui veulent travailler pour le pays.
Notre peuple a trop souffert de la guerre. Nous
n?avons pas le droit de prolonger ses souffrances en
laissant l?Etat se fragiliser davantage. 

Je pense ce soir aux populations des zones assiégées,
particulièrement les personnes fragiles surprises par
la guerre et aujourd?hui prises en otage par la
rébellion : les vieillards, les femmes et les enfants
qui n?ont pas pu fuir. 

Leur peine est notre peine. Je leur demande de garder
courage, d?avoir confiance dans la nation ivoirienne.
Je ne saurais les oublier. Nous ne devons pas les
oublier. C?est pour eux que je me bats pour libérer le
pays, tout le pays. 

Je l?ai dit et la communauté internationale le
reconnaît aujourd?hui ; la paix et la sécurité en Côte
d?Ivoire dépendent de la paix et de la sécurité dans
tous les Etats de la sous région Ouest africaine. 

Je suis donc avec intérêt l?évolution positive de la
situation politique en Sierre Leone et au Libéria.
C?est pourquoi je participerai, au Sommet des chefs
d?Etat de l?Union du fleuve Mano. C?est également
pourquoi je salue l?admission de notre pays au sein e
la Communauté des Etats sahélo sahariens. 

Mes chers compatriotes, la paix est en marche.
Mettons-nous au travail, dans la confiance et dans la
solidarité. 

Que Dieu bénisse la Côte d?Ivoire ! 

(source: Présidence)



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"A Black Belt is a White Belt who never quit"
Aikido.

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