Et mon bien aime, Banacek Lonsi- Koko, en action pour
la cause; Lire
http://www.place-publique.fr/article206.html
Le club Enjeux socialistes et républicains : un lobby
"noir" au sein du PS
Par Anne Dhoquois
Ils sont originaires d'Afrique noire et proches du
Parti socialiste. Pour faire entendre leur voix en
même temps que leurs revendications, ils ont créé un
club de réflexion. Leur objectif : faire en sorte que
les citoyens d'origine non communautaire (1)
s'impliquent dans la vie socio-politique de notre
pays. Débat.
Officiellement club de réflexion, Enjeux socialistes
et républicains n'est autre qu'un lobby créé par des
cadres et sympathisants du Parti socialiste pour
permettre aux citoyens d'origine non communautaire de
s'impliquer dans la vie politique. À l'origine de
cette association, un constat : si la France est
multicolore, les institutions et partis, eux, ne le
sont pas? Et quand on se prétend être un parti
humaniste comme le PS, ça la fout mal !
Ainsi, Gaspard-Hubert B. Lonsi Koko, président du
club, n'y va pas par quatre chemins : " Il faut que le
PS réalise que l'électorat noir ou beur ne lui est pas
forcément acquis. Il faut qu'il le mérite. Pour ce
faire, les symboles ont leur importance comme celui de
donner le droit de vote aux immigrés non
communautaires, qui payent des impôts, pour les
élections locales. " Oui, mais voilà, de symbole, il
n'y en eut point?
Quant à celui de nommer une femme issue de
l'immigration à une fonction ministérielle - Tokia
Saïfi, secrétaire d'Etat au Développement durable, est
membre du gouvernement Raffarin -, c'est la droite qui
en a eu l'idée la première? On dit la gauche un peu
vexée d'avoir loupé le coche?
Communautarisme : attention danger ?
Du coup, c'est un sentiment de ras-le-bol et
d'injustice qui a poussé des militants du PS d'origine
africaine - ils sont une centaine aujourd'hui à être
actifs au sein du club - à se faire entendre? Surtout
que ces derniers se font une haute idée de ce parti. "
La politique, c'est un rapport de force. En tant que
rose noire, il faut tout faire pour que le socialisme
soit à l'image de sa variété? Il n'y a qu'à voir le
nombre de couleurs de roses qui existent? Or,
aujourd'hui, on ne vient nous voir que pour les
élections, et entre les paroles et les actes, il y a
un monde? C'est donc un message que nous lançons au
PS. "
Ce dernier n'a donc qu'à bien se tenir. Pour
rétorquer, pourtant, le parti ne se fait pas trop
bavard. À demi-mot, on accuse M. Koko de poursuivre un
but bassement politicard, référence à la lutte qui l'a
opposé à Anne Hidalgo, aujourd'hui première adjointe à
la mairie de Paris, dans la section du 15è
arrondissement de Paris. M. Koko en est aujourd'hui
l'heureux secrétaire et " le seul noir à détenir un
tel poste dans la capitale ", précise-t-il. Difficile
de trancher sur ces questions de rivalités
territoriales. Reste que le PS dans son ensemble n'est
pas exempt de tactiques politicardes : ces dernières
ne seraient donc à dénoncer que pour une certaine
catégorie de la population ? C'est ce qu'on appelle de
la discrimination...
Autre reproche prodigué à son endroit : l'excès de
communautarisme? Certes, le club n'est aujourd'hui
ouvert qu'aux immigrés d'origine non communautaire ;
et, de fait, il est aujourd'hui 100 % noir. Mais,
assure son président, il s'ouvrira petit à petit.
Celui-ci est attaché, du reste, au concept d'une
République une et indivisible : " Nous militons pour
une France plurielle dans une République indivisible
", affirme-t-il non sans souhaiter, à terme, la
disparition de son Club, signe que le problème posé ne
serait qu'un vieux souvenir. Car, se défend M. Koko, "
nous sommes anti-communautaristes dans le fond. Nous
voulons simplement nous intégrer ". Oui, mais comment
? Telle est la question et peu de personnes, à part
les premiers intéressés, semblent enclins à vouloir y
répondre...
La fin justifie-t-elle les moyens ?
Une telle initiative suscite, il est vrai, un certain
nombre d'interrogations. La création du club Enjeux
socialistes et républicains serait-elle une mauvaise
réponse à une bonne question ? Ou, au contraire, les
moyens sont-ils justifiés par la fin (quitte à
défendre également des ambitions personnelles) : une
meilleure représentativité des différentes composantes
de la société française et son corollaire, un
renouvellement de la classe politique ?
Le débat est lancé. En leur temps, les militantes du
Mouvement de libération des femmes (MLF) ont refusé
les hommes en leur sein. Certes, leur importance dans
la société, associée à leur totale absence du champ
public, ne situait pas leur combat au même niveau.
Catherine, une ancienne militante, précise : " Il nous
était difficile de prendre la parole en présence
d'hommes qui avaient tendance à la monopoliser. Nous
ressentions le besoin d'échanger, entre nous, sur des
problèmes d'ordre privé ou politique, problèmes qui
n'intéressaient pas les mecs. "
Face à l'initiative de M. Koko et de ses acolytes,
cette dernière s'interroge : " C'est peut-être une
étape obligée pour faire entendre sa voix et sortir de
l'invisibilité, même si je pense que le problème posé
par ce type d'initiative dépasse l'enjeu racial ou
sexiste. De fait, aujourd'hui, le partage des tâches
et de la parole n'existe pas. Le pouvoir, au PS comme
ailleurs, est accaparé par quelques personnes. "
Gaspard-Hubert B. Lonsi Koko ne lui donne pas tort : "
Je milite pour qu'il y ait une justice sociale dans ce
pays et que le clientélisme laisse la place aux
compétences. "
Pour Saïd Mchangara, président d'une association
franco-comorienne et fin connaisseur des arcanes du
PS, " il était temps que ce type de problème soit posé
". À ses yeux, ce qui est en jeu dans cette question,
" c'est une élite, au sens bourgeois du terme, qui
perçoit sa chute et tente de préserver son pré-carré.
Les dirigeants du PS, issus de cette élite,
développent une sorte de crispation de survie et
tentent de limiter les dégâts, quitte à ne faire
preuve d'aucune ouverture et d'aucune générosité. Ils
ont tort car, à terme, l'intégration est une nécessité
pour régénérer la société. Les communautés sont ainsi
porteuses de valeurs qui renouvellent notre modèle
républicain. Il faut que la France puise dans cette
diversité et dans ses talents. "
Un discours bien rôdé
Pour mener à bien leur projet, les membres du club
Enjeux socialistes et républicains comptent bien
profiter de cette année préélectorale pour faire
entendre leur voix. Une réunion avec les têtes de
liste aux régionales sera bientôt programmée.
Bien décidés à peser sur le débat public, ils sont
également prêts à faire face à leurs détracteurs. Le
discours, lui, est déjà bien rôdé : " Nous ne voulons
plus vivre aux crochets de la société. Nous voulons
que chacun soit en mesure d'exercer des
responsabilités et de gérer la chose publique. Nous
voulons notre autonomie. Faire pour nous, sans nous,
c'est faire contre nous? Et dire tout cela ne fait pas
de nous des petits immigrés carriéristes. " Et de
conclure : " La main qui demande tend vers le bas ;
celle qui reçoit est toujours en haut ".
(1) C'est-à-dire non-originaires de l'un des quinze
pays membres de l'Union européenne.
Site : www.enjeux-socialistes.org
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