Le président Gbagbo :
?On nous impose une bataille, menons-la avec courage?
?J?étais au travail pour la Côte d?Ivoire. J?ai
rencontré le président de la République italienne, le
président du Conseil des ministres, Sylvio Berlusconi,
le maire de la ville de Rome? Et je m?apprêtais à
continuer mon travail quand j?ai été informé de graves
événements qui se dérouleraient en Côte d?Ivoire. Je
ne pouvais pas rester plus longtemps dehors. Je suis
donc rentré pour reprendre ma place à la tête de
l?Etat et à la tête des forces armées de Côte
d?Ivoire.
Ce qui s?est passé et qui continue de se passer, ne
nous y trompons pas, c?est une tentative de coup
d?Etat. Ce n?est pas une simple manifestation de
colère de quelques soldats. C?est une tentative de
coup d?Etat. Parce qu?effectivement nous avons hérité
d?un certain nombre de problèmes dans l?armée comme
d?ailleurs dans tous les secteurs d?activité de la vie
de la Côte d?Ivoire. Dans l?armée, nous avons hérité
de trois problèmes principaux. Le premier problème,
c?est qu?en 1990, quand les soldats se sont rebellés,
pour les calmer, le président Houphouet-Boigny leur a
concédé que les soldats pouvaient rester dans l?armée
jusqu?à 55 ans. Ce qui a été une mauvaise mesure car,
elle a renversé totalement la pyramide des âges dans
l?armée. On ne peut pas être soldat à 55 ans. Nous
sommes obligés de prendre les mesures pour revenir sur
cette question et remettre la pyramide dans le sens
normal : faire en sorte qu?il y ait plus de
sous-officiers que de soldats. Dans une armée normale,
il y a à peu un sous-officier pour quatre soldats.
Aujourd?hui, avec cette mesure, nous avons un
sous-officier pour un soldat et demi. Nous ne pouvons
pas continuer comme cela, si nous voulons avoir une
armée performante.
Le deuxième problème dont nous avons hérité dans
l?armée, c?est le problème des ?zinzins? et des
?bahéfouê?. C?est-à-dire que quand le général Robert
Guéi est devenu chef de l?Etat, chef de la junte, à la
suite du putsch de décembre 1999, n?ayant pas
totalement confiance dans les officiers de l?armée et
dans les soldats, il a rappelé dans l?armée, pour sa
garde personnelle, environ 500 personnes, d?anciens
militaires qui avaient déjà été démobilisés. Ce sont
ceux-là qu?on appelle les zinzins et les bahéfouê. Ils
ne sont même pas inscrits régulièrement en tant que
soldats. Le général leur donnait avant environ 50 000
F par personne.
Il nous faut rétablir les finances publiques. Il nous
faut rétablir l?armée. Ce sont des pères de famille
qui étaient habitués à toucher ces 50 000 F. Donc,
nous ne voulons pas les laisser sortir dans la rue.
Nous sommes en train de discuter avec eux et de
négocier. Nous avons dégagé 4 milliards FCA pour leur
fournir des situations de formation, d?insertion et de
travail.
Enfin, le 3ème problème, c?est la classe 98 2A qui,
après le service militaire de 18 mois, ne veut pas
partir. Parce qu?ils ne veulent pas retrouver le
chômage. Là encore, il nous faut discuter. Et nous
discutons depuis que nous sommes là en vue de trouver
des voies et moyens pour les faire partir. Mais en
leur disant que tous ceux qui veulent devenir
militaires de carrière doivent, après leur service
militaire normal, faire une demande. C?est la même
chose pour les gendarmes et les policiers.
On ne peut pas aujourd?hui, depuis deux ans que nous
sommes là, prétexter de ces problèmes qui existent et
que nous connaissons pour dire qu?ils sont la base
d?un soulèvement. Ces problèmes ont été récupérés par
des politiciens véreux qui ont peur de la voie des
urnes et qui se sont mis à voir se rebeller ces gens
qui sont dans l?armée. Nous disons non. Ce qui s?est
passé est un véritable coup d?Etat. Les terroristes
qui ont attaqué la Côte d?Ivoire n?ont pas attaqué
n?importe qui. Le colonel Yodé s?est retrouvé nez à
nez avec eux. Ils l?ont descendu froidement. Mais en
dehors du colonel Yodé, ils ont tué les officiers
Dally Oblé et Dago Loula. Ces deux officiers sont
ceux-là mêmes qui les avaient empêchés de progresser
lors du coup d?Etat manqué des 7 et 8 janvier 2001. En
les tuant, ils savaient qui ils tuaient. Donc, ils
n?ont pas visé par hasard. Ils ont ensuite visé les
domiciles de Lida Kouassi Moïse, ministre de la
Défense, et de Boga Doudou, ministre de l?Intérieur.
Parce que pour eux, ce sont eux qui tiennent le
régime, et que s?ils ne sont plus là, le régime va
s?écrouler. Ils sont venus délibérement pour tuer Boga
Doudou et Lida Kouassi. Avec des armes lourdes et
sophistiquées, ils ont massacré les gens au domicile
de Lida. Il a pu s?échapper grâce à la garde
républicaine. Ils ont abattu froidement Boga Doudou
qui ne faisait que son travail de ministre de
l?Intérieur.
Dans cette bataille que les terroristes et les hommes
du mal nous ont imposée, nous avons fait front et nous
avons perdu des hommes. Je salue leur mémoire. Lors du
prochain Conseil des ministres, nous déciderons de la
nature des funérailles que nous allons offrir à nos
héros. Je salue leurs familles. Je passerai dans
toutes leurs familles pour apporter le témoignage et
la compassion de la République.
Ils ont ensuite attaqué les structures de l?Etat. Ils
ont attaqué l?antenne d?Abobo, celle de la télévision
et de la radio pour que la Côte d?Ivoire soit isolée
du reste du monde. Vous savez, les télécommunications
commandent non seulement la télévision et la radio,
mais aussi le téléphone, le fax et l?internet. Non,
nous ne sommes pas en face d?une mutinerie. Nous
sommes bien en face d?une tentative de coup d?Etat.
Les armes lourdes, nouvelles pour la plupart, des
armes dont ne dispose pas notre armée -donc on ne peut
pas dire que c?est l?armée de Côte d?Ivoire qui se
rebelle - des armes utilisées dans des armées
étrangères ou achetées nouvellement, ces armes et
leurs cibles montrent bien que c?est la nature du
régime de Côte d?Ivoire qu?on a voulu changer.
Chers amis, ne vous y trompez pas, c?est la Côte
d?Ivoire qui est attaquée. Mon pays est attaqué. Mon
devoir est de faire front. Je suis donc rentré pour
continuer la bataille que les forces de l?ordre, de
défense et de sécurité ont entamée. Nous avons réussi
à neutraliser tous ceux qui s?étaient infiltrés à
Abidjan. Et nous allons continuer le travail en
poursuivant systématiquement tous ceux qui se sont
retranchés dans les quartiers précaires. Nous allons
les nettoyer. Enfin, nous allons continuer notre
progression vers le Nord.
Chaque fois que la Côte d?Ivoire fait des progrès, il
y a des personnes qui se battent pour empêcher son
progrès. Quand je prêtais serment le 26 octobre 2000,
ce pays était à -2,3% de croissance économique. A la
fin de l?année 2001, nous avons réduit le déficit en
le ramenant à 0,9%. Aujourd?hui, le gouvernement, tout
comme nos partenaires, pense que pour la fin de
l?année 2002, nous allons atteindre 3%, pour
rechercher 5 à 6% en l?an 2003. La Côte d?Ivoire avait
rompu ses relations avec toutes les institutions
financières du monde. Nous avons rétabli
progressivement les relations afvec l?Union
européenne, la BAD, le Fonds monétaire international,
et la Banque mondiale. Nous venons d?entrer dans la
Banque islamique de développement. Nous négocions
aujourd?hui pour obtenir l?annulation de notre dette
extérieure qui est trop lourde. Ceci est aussi un
autre héritage.
Quand aujourd?hui, nous nous trouvons dans une
situation qui est plus favorable que celle d?hier,
quand la Côte d?Ivoire cherche à sortir sa tête de
l?eau, il faut encore que les terroristes foncent sur
notre pays pour le faire reculer. Je ne peux pas
accepter cela. Et je n?accepterai pas cela. Je
n?accepterai pas du tout qu?on s?efforce à faire
reculer mon pays.
Quand nous sommes arrivés, nous avons tout fait pour
rétablir la paix, la sécurité et la démocratie. Je
suis allé voir le chef de la junte à Yamoussoukro. Je
voulais qu?ils entrent dans la République. Après cela,
pendant trois mois, j?ai organisé le Forum pour la
réconciliation nationale. A cette occasion, tous ceux
qui avaient quelque chose à dire ont parlé en direct à
la radio et à la télévision. Cela nous a fait 218
heures de télévision. Cela nous a fait des dépenses
supplémentaires, et pour la radio et pour la
télévision. Mais nous avions voulu que le peuple de
Côte d?Ivoire sache ce que chacun pensait de son pays.
Pour partager les propositions des uns avec celles des
autres.
Au moment où des pays étrangers nous demandaient de
poursuivre un tel ou un tel à cause de son passé, nous
avons dit non. Nous ne pouvons pas appeler des gens
pour négocier, pour nous réconcilier et en même temps
lancer des mandats d?arrêt. Nous avons fait en sorte
que tous ceux qui étaient en exil, rentrent en Côte
d?Ivoire. Et que tous ceux qui étaient en exil à
l?intérieur, reviennent dans la République. Et nous
avons reçu les leaders à Yamoussoukro. En Conseil des
ministres, nous avons adopté un projet de loi pour
améliorer la situation des anciens chefs d?Etat et
anciens présidents d?institution. Nous avons fait en
sorte que les journalistes ne soient jamais
poursuivis. Et nous avons à cet effet adopté un projet
de loi sur la presse supprimant la peine
d?emprisonnement. Ce n?est pas parce que nous sommes
faibles. Mais c?est parce que nous avons souffert de
tous ces faits que nous voulons les corriger.
Malgré toute notre bonne volonté, on engage la guerre.
Contre notre bonne foi, on engage la guerre. Eh bien,
je vous le dis aujourd?hui : quiconque vient vers moi
avec un rameau d?olivier à la main, je lui donnerai un
baiser, et je l?embrasserai. Mais quiconque vient avec
une épée, je sortirai une épée, et nous nous battrons.
J?engage toutes les forces de défense et toutes les
forces de sécurité à se tenir mobilisées à tout
instant. J?engage toute la population à se tenir
mobilisée à tout instant. Dans quelques jours,
j?inviterai d?ailleurs toute la population à un grand
rassemblement pour montrer que les démocrates et les
républicains sont débout. Parce que dans ce pays, il
faut qu?une fois pour toutes, on sache qui est qui, et
qui veut quoi. Il faudra qu?on mette d?un côté ceux
qui sont pour la démocratie et la République, et de
l?autre côté ceux qui sont contre la démocratie et la
République. Et que la bataille s?engage.
Je félicite le chef d?état-major des armées, le
commandant supérieur de la gendarmerie, le directeur
général de la police nationale. Je les félicite, eux
et tous leurs collaborateurs. Je me rends compte que
je n?ai pas eu tort de les mettre à la place où ils
sont. Je félicite tous les officiers supérieurs et
tous les officiers subalternes, tous les
sous-officiers et tous les hommes de rang. Et je leur
dis, l?heure du patriotisme a sonné. L?heure du
courage a sonné. L?heure de la bataille a sonné. On
nous impose une bataille. Menons-la avec courage, avec
détermination et honneur.
Vive la Côte d?Ivoire
Commentaire: Ici monsieur s'adresse a la population
ivoirienne concernant un probleme interne entre
ivoiriens.
=====
__________________________________________________
Do you Yahoo!?
New DSL Internet Access from SBC & Yahoo!
http://sbc.yahoo.com
|